Janvier 2023 : Cet ouvrage vient d'être réédité, en tirage à la demande. Il s'agit d'une nouvelle édition entièrement recomposée, identique à l'édition originale, et non d'un fac-similé de mauvaise qualité. L'ouvrage de 370 pages est disponible en grand format (18x25cm) en version brochée (couverture souple), en version reliée (couverture rigide), ou bien en 4 petits fascicules à prix étudié, reprenant chacun une des quatre grandes parties de l'ouvrage). Une version Kindle est également disponible.
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Le sieur Blays, doyen, ayant toujours eu une dévotion particulière pour les reliques des saints, et souhaitté avec passion, étant encore simple prêtre, de les voir honorées dans léglise de sa paroisse, ce désir saugmenta lorsquétant doyen il se vit obligé, par le devoir de sa charge, de procurer le bien spirituel de ses paroissiens. Il forma donc le dessein den faire venir de Rome, à quelque prix que ce fut. Il crut ne pouvoir réussir en ce pieux dessein, avec plus de succès, quen sadressant à Mr Luette, prêtre, son bon ami, natif de Châteaubriant, lequel demeurant à Rome depuis plusieurs années, et pour lors curé de Saint-Yves-des-Bretons, aurait assez de crédit auprès de MMrs de la Congrégation des reliques pour lui en envoyer quelque caisse ; et, en effet, il ne fut point trompé dans sa pensée. Car lui ayant écrit pour ce sujet par un sien serviteur auquel il avait fait apprendre le métier de cordonnier, et que le désir de voir le pays portait à voyager en Italie, à la faveur de sa profession, le sieur Luette ne manqua pas de lui envoyer une boëte par lentremise de son jeune messager. Celui-ci se conduisit avec tant de prudence, que nonobstant tous les dangers quil courut dans un si long voyage, - car il sarrêtait dans les villes en revenant, de même quil lavait fait en allant, - quil la remit saine et sauve, tous les cachets en leur entier, entre les mains du dit sieur doyen. Ce fut en 1675 quil reçut le précieux dépôt, avec toute la joie possible, surtout pour lespérance, que le dit sieur Luette lui donna de lui en envoyer un autre plus considérable. Il en fit louverture par le pouvoir et la permission que lui en donna Monseigneur Gilles de la Baume Le Blanc, pour lors évêque de Nantes. Il trouva dans cette boëte des reliques des saints Christophle, Félix, Benoît, Placide et de sainte Constance, tous martyrs, auxquelles il fit faire un beau reliquaire de bois doré, en forme de coffret, entre deux anges debout, tenant deux palmes dune main, et de lautre une couronne au-dessus. A loccasion de ces saintes reliques, il fist une translation fort solennelle avec procession et prédication, et un concours merveilleux de peuple qui accourut pour rendre les honneurs qui sont dus aux dépouilles sacrées de ces braves athlètes de J.-C. Ce que le sieur Luette ayant appris par quelques personnes du canton qui firent voyage à Rome, il se porta avec plus de cur à nous en ménager dautres pour nous les faire tenir à la première occasion qui fut, lorsque Monsieur Luette-Pilorgerie, son neveu, fils de son frère, alla à Rome pour visiter les saints lieux et pour avoir le bien de voir son oncle, alors curé de Saint-Louis- des-Français.
A son retour dans le pays, 1683, il nous apporta, de sa part, une boëte de grandes reliques des saints Vincent, Julien, Honoré, Emérence et Concorde, martyrs, avec dautres de sainte Anastasie et saint Blaise, auxquelles le dit sieur doyen fit faire des reliquaires de bois doré séparés, savoir : trois bustes des saintes Anastasie, Emérence et Concorde ; deux anges portant, lun un bras où était enchâssée lemboîture dun bras de saint Julien, et lautre, une cuisse qui renferme lemboîture dune cuisse de saint Vincent, et un petit corps de saint Blaise chappé et mitré, qui présente une relique du saint.
Enfin, lan 1684, le 24 novembre, le dit sieur Luette, recteurs successivement des paroisses de Saint-Yves des Bretons, de Saint-Louis de Français de la ville de Rome, et pour lors recteur de la paroisse de Sarzeau, isle de Ruys, évêché de Vannes, en Bretagne, dont le Saint-Père Innocent XI lavait pourvu, sachant quil avait dessein de retourner au pays, donna à notre église paroissiale, où il avait reçu la grâce du saint Baptême, le corps entier de saint Victorien, martyr, avec le chef de sainte Lucille, martyre, et ses deux mâchoires, la moitié de los de la jambe de saint Nazaire, et deux os de saint Symphorien, fils de saint Victorien, aussi martyrs, dont ledit Innocent XI lavait gratifié avant son départ de Rome, avec pouvoir de donner ces saintes reliques à qui bon lui semblerait, comme il conste, par lauthentique et le procès-verbal qui fut fait à louverture de la caisse où elles étaient enfermées, en présence de quantité de prêtres, de parents du dit sieur recteur de Sarzeau et notables de Chasteaubriant, par vénérable et discret Missire Pierre Blays, doyen du dit Châteaubriant et recteur de la dite paroisse, selon le pouvoir à lui donné par écrit, de M. labbé de Lesrat, grand-vicaire de Monseigneur Gilles de Beauvau, évêque de Nantes. Après quoi le dit sieur Luette, usant du pouvoir reçu du Saint-Père, délivra les dites reliques au dit sieur Blays, lequel, ravi de voir son église enrichie dun si grand trésor comme il lavait toujours souhaité, surtout depuis son entrée au dit bénéfice, et plein du désir de rendre les honneurs qui sont dus aux saintes reliques, fit au premier temps commode, faire par les plus habiles sculpteurs, deux beaux reliquaires en forme durnes à la romaine, pour les enfermer : lun à fond de couleur de marbre noir, aux reliefs dorés, et lautre, de marbre blanc dargent, aussi aux reliefs dorés ; une bannière du saint, six guidons et larmoire où poser ces saintes reliques, dans lenclos du balustre du grand autel, dans le mur du coté de lévangile ; bref, ce qui était requis pour faire une translation solennelle de ces saintes dépouilles.
Toutes choses étant donc disposées pour cette translation au mois de juillet suivant, le dit sieur doyen, pour la rendre plus solennelle, demanda douze missionnaires au révérend Père provincial des Capucins, qui lui furent accordés pour le mois de septembre.
Sur ces entrefaites, Monseigneur de Nantes, devant passer par Châteaubriant et apprenant le dessein du sieur doyen, lui en fit différer lexécution jusquau mois de janvier de lan suivant 1686, voulant que le Père Honoré de Cannes, qui était engagé ailleurs jusquà ce temps, fut le chef de cette mission, pour la rendre plus célèbre, disant même vouloir être présent à cette translation et arrêtant un logement près Saint-Nicolas pour cet effet.
Ce temps heureux pour Châteaubriant, désigné par Monseigneur, étant arrivé, ce fameux et zélé missionnaire qui a tant fait de bruit et de fruit dans la plupart des provinces de France, accompagné de douze capucins sortant tous dune mission quils venaient de faire à Rennes, capitale de la province de Bretagne, se rendirent enfin au dit Châteaubriant, où étant arrivés, cette célèbre mission fut commencée le dimanche de loctave de lEpiphanie 1686, par une procession générale que lon prit à la chapelle de Saint-Nicolas, où se devaient faire les exercices de cette mission, pour la plus grande commodité des Pères et des peuples qui sy rendirent. Outre les habitants de Châteaubriant et les paroissiens de Béré, par ordre de Monseignuer, les peuples de quatre grandes paroisses voisines, savoir : Rougé, Soudan, Moisdon et Saint-Aubin-des-Châteaux, prirent part à cette procession. Ils arrivèrent avec leurs croix et bannières, conduits par Messieurs leurs recteurs et prêtres à léglise de la paroisse où fut fait le premier sermon, par le révérend Père Clément de Canorgues, compagnon du Père Honoré de Cannes.