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Châteaubriant, baronnie, ville et paroisse



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Mémoires du doyen P. Blays (suite).





Chapitre 2

Du gouvernement l'hôpital.

Cet hospital, de même que la plus part de tous les autres du royaume, est gouverné par un bureau de directeurs, ainsi qu'il fut arresté dans la communauté des habitants dès le jour de son establissement, qui fut le 22 me septembre 1680. De ces directeurs, les uns sont directeurs-nés et les autres éleus. Les directeurs-nés sont : Mr le doyen, Mrs les juges de justice et police, et le scindic en charge ; les directeurs éleus, et qui, conjointement avec les directeurs-nés, doibvent prendre soin de l'hospital, sont choisis dans l'assemblée de ville.

Ces directeurs éleus doivent estre douze en nombre, de tous les états, scavoir : trois prêtres, trois procureurs ou advocats, un notaire, un chirurgien et quatre marchands ou artisans, entre lesquels il y a un sécrétaire, qui est toujours présent, lequel escrit sur le livre des délibérations ce que le bureau a arresté, un receveur ou thrésorier, qui doibt recevoir les revenus et deniers de l'hospital, et les employer pour les besoins et la subsistance des pauvres, par l'advis du bureau, auquel ou a ceux qu'il députera il doit rendre compte des mises de même que des recettes ;

Sept visiteurs qui doivent faire, chacun un jour par semaine, visite à l'hospital et en escrire sur le livre des visites les besoins, afin que le bureau y pourvoye à la prochaine assemblée. Il doibt de plus y avoir un distributeur de pain qui se donne au dehors à quantité de pauvres de la paroisse, un directeur des troncs qui en prennent le soin, se trouve à leur ouverture avec les nommés par le bureau ; un directeur des habits, qui achepte les estoffes nécessaires pour vestir les pauvres, et un directeur du bled, qui se donne la peine d'en achepter dans le besoin.

Et le 13me octobre 1680, il fut arresté qu'un des sus d. directeurs seroit choisi pour faire observer les réglements, et un autre procureur pour veiller à la conservation de ses droits.

On establit aussi un archer avec la casaque et la hallebarde pour chasser les pauvres étrangers et vagabonds, et empêcher ceux de la ville de mandier par les portes.

Comme le bureau n'a soin que d'arrêter ce qu'il faut pour subvenir à l'entretien et à nourriture des pauvres, il est nécessaire de quelques personnes qui résident à l'hospital et ayent soin de le gouverner pour le dedans, pour cet effect, le bureau s'estant enquis s'il ne se trouverait point quelques bonnes dévotes qui voulûssent bien se donner à ce charitable employ ; les demoiselles Charlotte Guignard et Alix l'embrassèrent avec zèle et y entrèrent courageusement avec cette seule condition, qu'elles y seroient nourries. Le 6 octobre 1680, on leur donna une servante, et le 20 du d. mois, on y en adjoignit une autre parce qu'on reconnut qu'une n'estoit pas suffisante : elles ne demandèrent que leur entretien et nourriture. Mais l'une n'y demeura pas longtemps, et l'autre demanda, au mois de may suivant, 18 livres de gage qui lui furent accordées. On leur donna de plus un vallet (24 juin), lequel on gagea 24 livres, une paire de souliers et l'entretien de sabots ; on leur permit même d'en prendre deux, si besoin estoit (8me octobre 84). Un vallet avec l'archer suffist ; ce qui alla fort bien, parce que dans le commencement, les charités des habitants qui estoient fort eschauffés, faisoient qu'on ne manquait de rien à l'hospital, la plus part des gens à l'aise, outre les aumônes journalières, donnaient un jour par an à manger aux pauvres, desquels il se fit même un catalogue. Mais le zèle pour l'hôpital commença à se ralentir dès l'année 85, cinq ans après son établissement, et l'une des demoiselles étant sortie, la Guignard, qui resta la dernière, demanda aussi à sortir dès le 30me mars 86, ce qui donna bien de l'inquiétude au bureau, n'étant pas aisé d'en trouver d'autres dans la ville qui voulussent accepter cet employ.

Aussi le sieur doyen publiait le dimanche suivant la sortie de cette demoiselle de l'hospital et exhortait de son mieux tant d'autres dévotes dont Châteaubriant est assez fourni, à vouloir bien remplir cette place vacante, faisant voir à tout le monde combien est grand le mérite et la récompense d'un employ si agréable à Dieu, et qui, par l'exercice de la miséricorde envers nos frères, nous rend semblable à lui, disent les Pères, et comme de petits dieux sur la terre, par cette imitation : fac calamitaso sicut Deus (Naz).

Mais ces exhortations furent inutiles, et aucune des dévotes du d. Châteaubriant n'en fut touchée, en sorte que le bruit de leur dureté pour les pauvres s'étant rependu aux paroisses circonvoisines, il se présenta une demoiselle de la paroisse de Rhetiers, évêché de Rennes, laquelle, avec une servante, fut reçue et acceptée par le bureau qui lui confia avec bien de la joie les clefs de l'hôpital, le 12me mai, au d. an 86. Cette demoiselle n'y resta pas encore longtemps, car, dès le 6me janvier 89, elle rendit les clefs au bureau, deux ans et huit mois après les avoir reçues, ce qui obligea le bureau, pressé par la nécessité de se servir pour le gouvernement de l'hospital de celle qui n'y estait auparavant qu'en qualité de servante, à laquelle on accorda 30 livres de gages par an, à commencer à la Saint-Jean 89, qu'elle ne toucha pas cette année, parce qu'elle déclara l'an suivant desirer aussi sortir du d. hospital.

Tant de changements, et le peu de stabilité que le sieur doyen voyait parmi les dévotes du monde, le firent penser à quelque congrégation dont les filles s'obligent par vœu, au service des pauvres et des malades, et que l'obéissance retient et attache au gouvernement des hospitaux. Toute fois, parce que le public eut bien souhaité que le gouvernement de l'hospital eust esté entre les mains de personnes du pays, il sollicita tant en public, dans ses sermons, qu'en particulier, celles qu'il croyait capables de cet emploi, mais aucune ne se présentait ny pour gouverner ny pour servir l'hospital. Alors, le dimanche 16me juillet 1690, le d. sieur doyen étant informé des services que rendent aux pauvres et malades les demoiselles de la Société de Saint-Thomas-de-Villeneuve, établie depuis quelques années presque dans tous les hospitaux de la province et ailleurs, il fut prié de faire venir une d'elles et une sœur servante de la d. Société, avec lesquelles le bureau passerait un acte conforme à ceux qu'on a coutume de faire dans les autres villes où la d. Société est établie, ce qui fut exécuté. Car dès le 30me du d. mois et an, arrivait au d. hospital demoiselle Marie Du Temple et sœur Aline Poirier, servante, envoyées par le superieur de la d. Société. Elles furent reçues par le bureau, avec lesquelles, au nom de la Société, il ordonna qu'il serait passé acte au tablier du sieur Duperray Brossais, notaire du d. bureau, aux conditions présentées et lues à l'assemblée par le sieur doyen ; ce qui fut fait par acte entre le bureau et les d. demoiselles et sœurs, au nom de la d. Société, le 22me du mois d'octobre 1690, ratiffié par le superieur et la procuration, le… du mois de ….169….


CONTRAT

Entre Mrs du bureau de l'hospital-général de Châteaubriant et demoiselle Marie Du Temple et de Aline Poirier, de la Société de Saint-Thomas-de-Villeneuve, au nom de la d. Société.

Le 22me jour d'octobre l'an mil six cent quatre-vingt-dix, ont esté présents en leurs personnes par devant nous, notaires de la baronie de Châteaubriant, soussignés, en vertu de la délibération du bureau de l’hospital général du d. Châteaubriant, en datte du seizième de juillet dernier, dont copie est demeurée attachée au présent, vers Brossais, l’un des d. notaires, MMrs Louys Luette, sieur de la Franchetière, sénéchal de la baronie de Châteaubriant et annexes ; n. h. René Hamel, sieur du moulin Roul, alloué de la d. baronie, N. et D. missire Pierre Blays, sieur doyen du d. Châteaubriant et recteur de cette paroisse de Saint-Jean-de-Béré, V. et D. missire François Cocault, prêtre, greffier du d. bureau ; V. et D. missire Sulpice Dupin, prêtre, économe du d. hospital ; V. et D. maissire Pierre de La Lande, prêtre, l’un des directeurs du même hospital ; Me Guillaume Theullier, chirurgien, à présent thrésorier, receveur et miseur en charge du d. hospital ; Me Jacques Bourget, l’un des notaires de la d. baronie de Châteaubriant ; h. h. François Jamault, marchand ; Me Ambroise Pipat, aussi maître chirurgien ; h. h. Henry Blandin, marchand ; h. h. Mathurin Féré, marchand ; h. h. Pierre Carré, marchand ; tous les derniers desnommés aussi directeurs du d. hospital, demeurant, scavoir : le d. sieur doyen, à son presbitère, proche l’église paroissiale du d. Béré, et les d. sieurs sénéchal et alloué, les d. prêtres, les d. Theullier, Bourget, Pipat, Jamault Blandin, Féré et Carré, en cette ville cloze du d. Châteaubriant, les tous assemblés au bureau du d. hospital général d’une part, et demoiselle Marie Du Temple, fille de la Société de Saint-Thomas-de-Villeneuve, et Aline Poirier, sœur servante de la d. Société, estant de présent au d. hospital général, faisant tant pour elles que pour les autres sœurs de la d. Société, d’autre part ; desquelles sœurs et de leurs supérieures elles promettent apporter acte de ratiffication en forme authentique et valable et deux coppies du présent ; l’une desquelles demeurera aussi attachée à la minute, et l’autre sera mise au thrésor et archives du d. hospital, et ce, dans les deux mois prochains. Entre les quelles parties ont esté faites les conditions du présent contract, sur ce qu’il auroit esté cy-devant remontré au bureau par le d. sieur doyen, qu’il estoit besoin au d. hospital de personnes intelligentes et charitables pour le diriger et avoir soin des pauvres, tant malades que sains, qui y sont refermés, sur quoy le d. sieur doyen aurait arresté qu’on manderait une des d. demoiselles avec une sœur servante de la d. Société, ce qu’ayant fait, elles s’y sont rendues au d. effet et sont même déjà placées dans le d. hospital comme dit est ; par lequel contract, il était convenu, entre les d. parties, scavoir : que la d. damoislle et la d. sœur servante demeureront dans le d. hospital général, qui porte pour titre de l’Enfant-Jésus, et ne pourront estre plus grand nombre que deux, scavoir : une damoiselle et une sœur servante, à moins que pour le bien et utilité du d. hospital, il ne fut jugé, par le bureau, à propos d’en demander plus grand nombre, laquelle damoiselle sera nourrie aux frays du d. hospital, tant saine que malade, assistée de médecins et remèdes, qu’il lui sera seulement fourny, aux frays du d. hospital, du gros linge, comme linceuls, nappes et serviettes pour son usage, que la sœur servante sera nourrie et entretenus de toutes hardes et habits aux frais du d. hospital, sans aucun gages ;

Que la d. damoiselle aura soin d’instruire et gouverner les petites filles renfermées au d. hospital, les élever dans l’amour et dans la crainte de Dieu et de la Virge sa sainte Mère, dans la modestie et retenue si nécessaire aux chrestiens, particulièrement aux chretiens du sexe, afin que chacun en puisse tirer de l’édification ; que la d. damoiselle et la d. sœur feront travailler, comme il convient, les pauvres du d. hospital, et enseigneront aux filles et femmes les ouvrages qu’elles seront en estat d’apprendre ; tous les ouvrages des femmes et filles tourneront au profit du d. hospital, sans que la d. damoiselle en puisse prétendre aucune chose, mais en rendré compte aux Mrs du bureau, quand elle en sera requise ; qu’elle pourra néanmoins disposer de ses propres ouvrages pour son entretien comme linges, coeffes et autres ;

Que le d. damoiselle et sœur auraient soin des malades et infirmes qui se trouveront et seront reçus au d. hospital, et les assisteront de petits remèdes aux occurrences ;

Qu’elles prendraient soin de la nourriture, des habits et linges, tant des femmes et filles, que des hommes et des garçons du d. hospital, pour ramasser les linges sales et en donner de blancs, selon qu’ils en auroient besoin ;

Qu’elles se chargeraient, par inventaire, des meubles du d. hospital, comme des linges servant à la cuisine et au réfectoire, de la batterie de cuisine, des selles, coffres, licts et leurs garnitures, armoires et les autres meubles et linges du d. hospital, desquels meubles elles recevront les clefs, au même temps que se fera l’inventaire, sans qu’elles soient responsables de la diminuité et moindre valeur des d. meubles, même se chargeront des calices, ciboires, orseuls et tous autres ornements servant à la chappelle du d. hospital, et ce qui sera, dans la suite des temps, augmenté de meubles, leur inventaire en sera rechargé.

Au cas que la d. damoiselle, ou servante, ou autres qui pourraient estre au d. hospital par cy après, n’agréérait pas à Mrs du bureau, ou pour estre d’humeur disconvenante ou incapable des travaux au gouvernement qui leur est confié, il leur sera loisible d’en demander d’autres à la Société, et, en ce cas, ce sera aux frais du d. hospital que se fera l’envoy et renvoy d’icelle, et si, par quelque considération de leur Société, celles qui seront au d. hospital étaient rappelées par leurs supérieurs et d’autres renvoyées, leur envoy et renvoy se fera aux frays de leur d. Société.







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