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Le d. sieur Blays, estant à Paris dans la communauté ecclésiastique de Saint-Nicolasdu-Chardonnet, la première qui fut establie en France, et où il avait eu lhonneur dêtre soubvicaire et fait les exhortations les dimanches à la messe du matin, avait formé le dessein destablir un jour de 40 heures à Châteaubriant, de même quelles étaient à la d. paroisse de Saint-Nicolas, ces trois jours, comme un excellent moyen darrester le cours des débauches, qui nestoient partout que trop ordinaires au temps du Carnaval, à la confusion du christianisme. Ayant donc esté rappellé au d. Châteaubriant par M. Le Noir, son oncle, doyen et recteur du d., à la fin doctobre 1650, auquel il avait toute lobligation de ce quil estait, comme layant élevé chez lui avec soin, dès lâge de six ans, et entretenu par après aux estudes des humanités à Rennes, de philosophie à Nantes, de théologie à La Flèche, et à Paris en Sorbonne, pour estre son vicaire et ensuitte son successeur ; il luy communiqua aussitost le grand bien des 40 heures, en ces jours de désordres, et le dessein quil avait eu de leur establissement. Le projet fut adopté à linstant, mais comme il ny avoit pas assez de temps jusques au Carnaval pour faire venir des bulles de Rome, il eut recours à Monseigneur Gabriel de Beauveau, pour lors évesque de Nantes, auquel il en demanda la permission, quil luy accorda très-volontiers, avec les indulgences que les évesques ont pouvoir de donner en semblables occasions. Elles furent donc commencées cette même année, avec tant de zèle des ecclésiastiques, de dévotion des peuples et dassiduité à lÉglise, soit pour assister aux divins offices et prédications qui se firent les trois jours, par le d. Blays, son oncle ayant presché à louverture, soit pour tenir compagnie à Nostre Seigneur, exposé sur nos autels, et lui rendre un hommage tout particulier en ce temps où il est deshonoré par la plus part des chrétiens, quon ne vit aucun des divertissements ordinaires dans ces jours, dont il fut fait à Châteaubriant comme une semaine sainte.
Lannée suivante, ces prières de 40 heures furent continuées en vertu de bulles obtenues de Rome et approuvées par lévesque, et pour lors, elles se firent bien plus régulièrement, et avec plus de solennités, car dans ces bulles imprimées, on marqua à chaque rue ou quartier de la ville et fauxbourgs lheure quils debvoient assister devant le Saint-Sacrement, ce qui fut pratiqué avec grande ponctualité. On fist venir même deux missionnaires capucins un mois devant, qui soccupèrent pendant tout le temps à prescher et entendre les confessions, la plus part générales, surtout en ces trois jours quil se fist deux prédications par jour, mais avec tant daffluence des peuples qui y venaient de toutes les paroisses voisines où lon avait envoyé des bulles, que lÉglise ne pouvait pas les contenir. Elles avaient été commencées dès le samedi précédent, par une procession où assistèrent les habitants, ce qui fut continué quelques années depuis.
Comme on navait pu obtenir des bulles de Rome que pour sept ans, on fust obligé de les faire renouveller de sept ans en sept ans, jusquà ce quenfin la confrérie du Très-Saint-Sacrement estant establie, en 1673, on se servit de la d. confrérie, pour rendre la dévotion perpétuelle dans ces trois jours de Carnaval, sans avoir besoin de recourir davantage à Rome pour en obtenir des indulgences.
Car le Saint-Père, dans sa bulle de lérection de la d. confrérie, ayant donné cinq jours dindulgences, et nayant fixé que le jour de la feste Dieu, laissant les quatre autres au choix des confrères, le d. sieur Blays, lors doyen, leur fist choisir ces trois jours de carnaval pour y attacher les indulgences du Saint-Père avec le service et lexposition du Saint-Sacrement, avec lapprobation de Monseigneur lévesque de Nantes. Ce qui estant fait, afin de rendre cette démarche plus stable et plus solennelle, le d. sieur Doyen fonda à perpétuité les trois grandes messes et les trois prédications de ces jours avec la prière nominalle pour sa prospérité pendant sa vie et pour le salut de son âme, après sa mort, comme il est marqué cy-dessus.
La quatriesme fondation à la d. confrérie fust des troisiesmes jeudys de chaque mois, faitte par vénérable et dévote personne Mr Jean Hubert, clerc tonsuré, lequel, après sa philosophie à Rennes et deux ans de théologie à La Flèche, sétait fait capucin. Devenu aveugle au nauviciat de Rennes, tous les remèdes ayant esté inutiles pendant six mois que les pères capucins le tinrent dans les traitements pour tâcher de le guerir, dans le désir quils avaient de conserver parmi eux un homme de sa vocation, de son mérite et de sa capacité, car outre ses humanités, sa philosophie et sa théologie, il estait bon poëte latin et français ; il fut enfin obligé de sortir et revenir au pays. Ainsi le permit la divine Providence, qui, pour le bien de sa patrie, ly vouloit employer à linstruction de la jeunesse de Châteaubriant et des environs, employ auquel il se donna entièrement, et où il réussit avec tout le succès quon pouvait espérer dun homme de sa piété et de sa science.
Dans lespace de plus de quarante ans quil sest donné à ce pénible et charitable exercice, il est sorti de son école un grand nombre de jeunes gens remarquables par leur science et piété, tant dans létat ecclésiastique que religieux. Il les eslevait, tout aveugle quil était, de même que dans les classes des pères jésuites, tant pour la prose et les vers que pour le grec, ce qui est assez surprenant, et toujours beaucoup infirme de corps, outre la perte de la vue. Il donna un constitut de 400 livres pour cette fondation.
La cinquiesme fondation fut, etc
La confrérie de saint Blaise ayant été commencée il y a longtemps par les maîtres peigneurs de laine qui le reconnoissent pour leur patron, comme ayant esté égratigné et deschiré avec des peignes de fer dans son martyre, fut establie en 1680 par bulle dInnocent XI, en datte du 17 septembre au d. an, reçue et approuvée par Mr Terrier, docteur de Sorbonne, grand vicaire et official de Monseigneur de Nantes, le 15 octobre au d. an. Elle a grand nombre de confrères qui donnent 20 sols de desnier dentrée, et chacun 5 sols par an pour lentretien de la d. frairie, qui sont mis entre les mains dun procureur choisi le jour de saint Blaise dans lassemblée qui sy fait ce jour après la grande messe et où on délibère sur ce qui regarde la d. confrérie. Ce procureur se change de deux ans en deux ans et rend son compte dans le mois de celui qui entre. Il ny a aucune fondation dans la d. frairie : ce qui nempêche pas quelle ne puisse subsister longtemps, parce que le grand trafic de Châteaubriant consiste particulièrement en serges, et que les desniers dentrée et de ces cinq sols, il se fait un fonds suffisant pour la retribution de cinq messes que lon célèbre aux cinq jours dindulgences, qui sont : Et les messes solennelles qui se disent devant lautel de saint Blaise, en lÉglise paroissialle, le jour du décès de chaque confrère, ce qui se juge assez de ce que depuis si peu de temps, elle a pu faire bâtir, de ses deniers, lautel de saint Blaise, de thufeaux et marbre noir, comme il se voit, et qui fut achevé lan Me Pierre Carré estant pour lors procureur ; les frays pour la torche, et lachapt dune tunique pour les prêtres, pour lenterrement des confrères.
Outre les confréries cy-dessus, il y en a encore quelques autres establies à Châteaubriant, sans bullse de Rome. La plus ancienne desquelles est celle de quelques maîtres sargers, sous la protection de la Sainte-Vierge, que cette profession regarde comme sa patronne ; il y a environ quarante et quatre ou cinq ans quils firent la première assemblée. Les confrères donnent chacun 10 sols par an, ce qui sert pour faire dire une messe le jour de lAssomption, devant lautel de la Sainte-Vierge, à Saint-Nicolas ; à en faire célébrer une messe basse à chaque de ses autres festes, et chanter une messe le jour du décès de chaque confrère et faire porter une torche à la procession du Saint-Sacrement.
La seconde est une association de nombre de personnes de lun et de lautre sexe, qui font dire chaque mois deux messes, lune pour ceux de cette association et lautre pour les defunts.
La troisième est celle des boulangers, ou de saint-Honoré, quils prennent pour leur patron ; ce quils font, est de faire chanter une messe solennelle le jour de saint-Honoré, le 16me May, et de faire porter une torche aux processions de Saint-Sacrement.
La quatrième est celle des maréchaux, serrurriers, ou qui travaillent du marteau, lesquels font chanter une messe solennelle le jour de saint Eloi, leur patron, le lendemain de la Nativité de saint Jean-Baptiste, en font chanter une autre le jour du décès de chaque confrère, et font porter la torche aux Fêtes-Dieu.
La plus ancienne de toutes est celle de saint Sébastien et saint Roch, qui subsiste sans bulle, sans registre, sans provost, et seulement des charités des paroissiens, quun ayde du marguillier recueille aux grandes messes des festes et dimanches, quil coure une boëte, ce qui suffist pour faire dire tous les vendredis une messe chantée par tous les prêtres, avant laquelle se fait la procession de saint Sébastien.