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Châteaubriant, baronnie, ville et paroisse



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Mémoires du doyen P. Blays. (suite)




IV. - De la confrérie de Nostre-Dame-de-la-Mercy, Rédemption des captifs .

La confrérie de Nostre-Dame-de-la-Mercy, Rédemption des captifs, fust establie en 1663 dans l’église paroissialle de Saint-Jean-de-Béré, par le révérend père Audoüere, Commandeur de l’ordre des Religieux de Notre-Dame-de-la-Mercy, reçus par Missire Pierre Blays, doyen, et attachée à Notre-Dame-des-Villages, avec la permission de Monseigneur de Beauveau, évesque de Nantes, et mandement de Monsieur Arnoud, docteur en théologie, vicaire général, en date du mois de juillet, avec ordre de faire queste par l’église à la grand'messe. On établit un tronc ; les deniers seroient envoyés aux religieux de la Mercy résidants au d. Nantes, ou leur seroient delivrés quand ils les viendraient chercher, marquant, dans un livre paraphé de mondit sieur le grand vicaire, la somme qui lui serait délivrée soubs le seing du doyen ou recteur, afin qu’on puisse scavoir combien les d. religieux ont reçu dans l’année et l’employ qu’ils font des deniers, en rachetant des captifs de ce diocèse, et ainsi, qu’il ne puisse se rencontrer de fraude, parce qu’il ne leur est permis de prendre sur les deniers qu’ils reçoivent que leur seule dépense fort modiquement. C’est pourquoi ils vont toujours à pieds et à très-peu de frays. Il y a un livre où j’ai commencé dans le d. année1663, et où j’ai continué depuis à inscrire les confrères. Je fis placer un tronc près l’autel de Notre-Dame-des-Villages auquel j’attachai la d. confrérie, parce que j’y avois fait faire un bel autel de bois bien travaillé, au lieu où il n’y avoit que trois images peintes grossièrement sur la muraille de l’église, partie des desniers des réceptions, et la plus grande partie des charités des particuliers. Le tableau est de la rédemption des captifs ; la Nostre-Dame-de-Bon-Secours, faitte par Mr Pluvier d’Angers, fut donnée par Mr François Baguet et femme, et les autres figures par des particuliers. Dans l’établissement de la d. confrérie, ils avoient mis un procureur qui estoit Jan Bellanger, sécretain de Saint-Nicolas, homme de bien qui étoit très-zélé pour la gloire de Dieu et la décoration de l’église ; depuis sa mort, la clef du tronc est restée entre mes mains, et je l’ouvre une ou deux fois l’an pour en délivrer les deniers aux d. religieux et les leur envoyer. Cette confrérie ayant esté établie sous Monseigneur Gabriel de Beauveau, fut depuis recommandée par Monseigneur Gilles de la Baume Le Blanc, son successeur, et l’est encore de temps en temps par Monseigneur Gilles de Beauveau, notre illustre prélast, dont nous voyons le signe au pied des Bulles des indulgences de la d. confrérie, ou celuy de son grand vicaire, dans lesquelles bulles il est justifié du bon employ des deniers des troncs et questes qui se font dans le diocèse.


V. - De la confrérie du Très-Saint-Sacrement de l’autel.

La confrérie du Très-Saint-Sacrement de l’autel fut establie dans l’église paroissialle de Saint-Jean-de-Béré, quoique le service s’en fasse à Saint-Nicolas pour la commodité des confrères et plus de solennité, par le sieur Doyen, prêtres et quelques notables, l’an 1673, par bulle de Clément X, en date du 27 octobre, l’an 4 de son pontificat, recue et approuvée par Monseigneur Gilles de la Baume Le Blanc qui en approuva les statuts en 1672. Les confrères à leur entrée donnent trente sols, et à leur mort, le jour de leur enterrement, un service d’une messe solennelle de Requiem, et pour l’entrée, chaque frère donne tous les ans cinq sols à la d. frairie, environ l’octave du Saint-Sacrement. La confrérie fist faire une torche qui se porte aux processions du grand et petit sacre ; et dans les années 1680 et 1682, grâce aux libéralités de feu damoiselle Gabrielle Houssays, le Doyen acheta toutes sortes d’ornements, tant pour l’enterrement et services des confrères défunts que pour solemniser avec plus de pompe les fêtes de la confrérie.

Les habitants de Châteaubriant ayant fait paroistre leur dévotion à l’endroit du mystère adorable de nos autels dans l’establissement de la confrérie de ce très-auguste Sacrement, la voulurent encore signaler dans la procession solennelle qui se fait dans toute l’Église, au temps qui luy est particulièrement consacré, car ils ne se contentèrent pas d’y faire marcher sous les armes, avec drapeaux et tambours, une nombreuse compagnie de leur plus belle jeunesse, suivis de grand nombre d’enfants de l’un et de l’autre sexe, vestus en anges, ainsi qu’ils avoient desja fait depuis quelques années, mais ils firent faire une torche ou se voyait représentée l’institution de ce mystère d’amour. Et bien plus, car, comme le divin Sacrement est un mémorial de la mort et de la passion du Sauveur, ils la voulurent aussi représenter du mieux qu’ils leur fut possible, et, pour cet effect, auparavant la procession, ceux qui représentoient Notre-Seigneur, saint Pierre, saint Jean et saint Jacques, s’estant rendus dans un lieu préparé avec des branches d’arbres comme un autre jardin des Olives, une cohorte de Juifs y allèrent peu après, où les apostres endormis et éveillés au bruit de cette multitude, ils se saisirent de J.-C., le conduisirent à Caïphe, Hérode et Pilate, qui, l’ayant condamné au cruel supplice de la Croix, à la requeste des Juifs qui criaient : crucifiez le ! crucifiez le ! on la luy chargea sur les épaules comme pour aller de Jérusalem au Calvaire, suivi des trois Marie et de la Véronique, laquelle essuyait de temps en temps la sueur de son visage, quoique aydé par Simon le Cyrénéen, maltraité des soldats, de paroles et en apparences d’effect dans le chemin ; et afin que cette sanglante tragédie fut plus naïfvement représentée, on faisait marcher Caïphe, Hérode et Pilate, et les apostres désolés et confus. Pour faire voir encore au peuples grossiers combien la mort du Sauveur estoit différente de sa naissance, on le montroit aussi entre les bras de sa sainte Mère, adoré des pasteurs et des trois roys, leurs présents à la main. Ensuite de quoy, marchaient les autres confréries selon l’ordre de leur establissement. La 1re, celle de la grande frérie de Nostre-Dame ; 2me, du Saint-Sacrement ; 3me, des Marchands ; 4me, de Saint Blaise ou Peigneurs de laines ; 5me, de Saint-Honoré ou des Boulangers ; 6me, de Saint-Eloy ou des Maréchaux, etc. Ce qui a toujours été continué depuis, avec grande édification, surtout des peuples voisins qui y sont attirés avec un concours merveilleux pour voir cette belle cérémonie, et aussi en même temps pour faire voyage au grand saint Victorien, martyr, dont le corps sacré repose dans l’église paroissiale du d. Châteaubriant.

Affin de rendre cette confrérie du Saint-Sacrement stable, et empêcher qu’elle ne vienne à tomber, de même que tant d’autres qui avoient esté si saintement establies en la d. paroisse dans les siècles précédents, ainsi que j’ay remarqué au lieu que je traitte de la chapelle de Saint-Nicolas, on a procuré les fondations qui suivent, lesquelles étant fondées à perpétuité, doivent, ce semble, aussi rendre cette confrérie perpétuelle.

La première fondation, et comme le fondement de la d. confrérie (parce que Monseigneur de La Baume-Le-Blanc, pour lors evesque de Nantes, ne jugeait pas à propos de consentir son establissement sans quelque fonds pour quelques services divins), fust faitte par damoiselles Gabrielle, Louise et Julienne Houssays, filles de sieur de La Sablonnière, sénéchal de Couesmes, et petites-filles, du côté de la mère, d’un Aubin, lieutenant de Châteaubriant, lesquelles, pour servir Dieu avec plus de repos, s’estoient venues habituer au d. Châteaubriant, où la dévotion et la fréquentation des sacrements estoit déjà fort en uzage, surtout parmi le sexe. Ces bonnes demoiselles, dont l’une jeune, veuve, sans enfants, avoit donné ce grand ciboire d’argent, qui sert à Saint-Nicolas, et toutes trois ensemble avaient fait faire le tabernacle de bois doré, qui s’y voit, au lieu d’un vieux en bois, misérable, peint à l’antique. Et, pour contribuer au bel ouvrage de l’érection de la confrérie du Très-Saint-Sacrement, elles fondèrent, les premiers jeudis de chaque mois, jour consacré par l’Église à honorer ce grand mystère, une messe chantée solennellement, précédée du Pange lingua, donnant pour cet effect un constitut de 300 livres de principal et de 25 livres de rente annuelle au denier 16, de laquelle somme 18 livres seraient délivrés à Mrs les prêtres pour rétribution, et les autres 7 livres resteraient pour l’encens, luminaires, etc., et toutes les fondations qui furent faittes depuis sont toutes sur le même pied.

La seconde fut arrestée par délibération dans l’assemblée, pour les seconds jeudis, d’une messe solennelle, à l’intention du général des confrères, dont la rétribution serait prise sur les deniers d’entrée de chaque confrère, qui doivent estre placés à constitution de rente.

La troisième fut faitte par V. et discret Mire Pierre Blays, doyen de Châteaubriant et recteur de la paroisse de Saint-Jean-de-Béré, de trois messes chantées, les trois jours de la Quinquagésime, dimanche, lundi et mardi, avec la prédication ; il donna, pour cet effect, à la d. frérie un constitut de 300 livres de principal et de 18 livres 15 sols de rente annuelle au denier 16, dont il en doibt aller 10 pour la subsistance des Pères capucins, qui doivent prêcher ces trois jours ; 4 livres 10 sols pour la rétribution de Mrs les prêtres, et le surplus pour l’augmentation de la d. frérie.







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