Janvier 2023 : Cet ouvrage vient d'être réédité, en tirage à la demande. Il s'agit d'une nouvelle édition entièrement recomposée, identique à l'édition originale, et non d'un fac-similé de mauvaise qualité. L'ouvrage de 370 pages est disponible en grand format (18x25cm) en version brochée (couverture souple), en version reliée (couverture rigide), ou bien en 4 petits fascicules à prix étudié, reprenant chacun une des quatre grandes parties de l'ouvrage). Une version Kindle est également disponible.
L'objectif de cette réédition était uniquement de proposer une lecture plus facile et agréable, et pour cela, l'ouvrage a entièrement été remis en page. Pour aider le lecteur à actualiser ses connaissances, une bibliographie mise à jour a été ajouté.
Il y a eu de tout des confréries establies dans la d. paroisse, ce qui marque la piété et la dévotion de son peuple. Car il se voit, par un concordat passé en 1367, entre le doyen de Châteaubriant et recteur de Saint-Jean-de-Béré, quil y avait dès lors plusieurs confréries, et, par un papier des comptes de la confrérie de Sainte-Catherine, il sapprend quelle estoit une des plus célèbres de Bretagne, laquelle ayant commencé en 1465, estoit encore en vigueur en 1555, de laquelle je parle assez amplement cy-devant, au chap. qui traitte de la chappelle de Saint-Nicolas, ville de Châteaubriant.
Pour le présent, il y en a encore six, qui ont succédé aux anciennes, lesquelles ont esté érigées en divers temps, scavoir : 1° la confrérie du Psautier ou Rozaire ; 2° celle de Notre-Dame ; 3° celle de la Charité pour les pauvres ; 4° de La Mercy ou Rédemption des captifs ; 5° du Très-Saint-Sacrement de lautel ; 6° de Saint-Blaise. Outre quelques autres associations de piété qui sy trouvent sans bulles, et des quelles nous parlerons selon lordre de leur institution.
La confrérie du Saint-Rozaire ou Psautier de la Sainte-Vierge, ainsi appelée à raison des 150 Ave Maria qui font le nombre des 150 pseaumes de David, instituée du temps de Saint Dominique, confirmée et approuvée à la requeste de François, duc de Bretagne, et de Marguerite, son épouze, après les exhortations du B. Alain de La Roche, jacobin, par bulle de Sixte 4me, en datte du 9me may 1479, et lan 8me de son pontificat, fut establie à Chasteaubriant, en 1580. Quantité de personnes de lun et lautre sexe sy enrolèrent. Mais la dévotion à cette sainte confrérie sestant peu à peu refroidie, y fut enfin restablie avec statuts et attachée à lautel de Nostre-Dame-de-Pitié, en la chappelle de Saint-Nicolas, ville de Chasteaubriant, le 28me jour du mois davril 1628, alors étant doyen du d. Châteaubriant et recteur de la d. paroisse de Saint-Jean-de-Béré, Missire François Bourguillaut, natif du d. lieu. Elle fut érigée par le Rd P. Du Mesnil, docteur-régent en théologie des jacobins de Nantes, pour lors prédicateur au d. Châteaubriant, toutes formes observées. Signé : F.- J.- Bapt. Du Mesnil, M. François Bourguillaut, M. Jan Hubert, M. Jan Le Roy, M. Jan Hubert le jeune, M. Louys Galpin, M. Corentin de la Bouessière, M. Jacques Bloüyn, M. Jan Le Noir, M. Mathurin Vincent.
Cette sainte archiconfrérie establie de la sorte, on commença de faire les services, scavoir : célébrer les messes les premiers dimanches du mois, les festes de la Vierge et les anniversaires des décédés de la confrérie, avec les processions du Rozaire, chantant les litanies de la Sainte-Vierge, et portant une image de Notre-Dame, de bois doré, les d. premiers dimanches et festes, auxquels jours on bénist les chappelets, après la réception de ceux qui sy veullent faire enroller, et, pour fournir à la retribution des d. services, on plaça un tronc proche lautel du Rozaire, pour recevoir les charités des confrères. Mais comme le tronc seul nestoit pas suffisant pour les nécessités de la d. frérie, dautant quil estoit besoin dachepter une chasuble pour les d. messes, des tuniques, une chappe, une bannière et faire faire un tableau, le procureur commença des quêtes à la messe du Rozaire et aux vespres, les premiers dimanches du mois et festes de la Sainte-Vierge. Ces questes furent continuées jusquau parfait remboursement des deniers employés à lachat du d. tableau, des d. ornements, bannière et armoires, après quoy elles cessèrent, dautant que les deniers du tronc nestoient que trop suffisant pour fournir le luminaire et la retribution de Mrs les prêtres qui disoient ou assistaient aux d. messes, lesquels nestoient quau nombre de huit ou neuf pour le plus. Cependant, on fut obligé de reprendre ces questes, lorsquil fut question de faire bastir lautel qui sy voit. Il fut entrepris par le sieur Blays, doyen, et achevé au mois daoust de lan 1660, et les questes furent continuées en suitte jusquà présent, parce que la bannière, la chappe, les tuniques estant uzées et hors destat de servir, il estoit besoin den avoir dautres. Et puis le nombre des prestres estant augmenté de plus de moitié, cest tout ce que le tronc, avec la queste, peut faire que de fournir à leur rétribution et à lachapt des luminaires.
Et, en effet, le tableau estant pourri, on jugea, en 1680, que cestoit espargne davoir un Rozaire perpétuel, cest-à-dire des images de la Sainte-Vierge tenant le petit Jésus, distribuant des chappelets, lun à saint Dominique et lautre à sainte Catherine de Sienne. Ce qui fut exécuté par les soins dun procureur zélé, Me Jan Bellanger, lequel estant décédé, il luy en succéda un autre, Me Pierre Carré, non moins affectionné à la Sainte-Vierge et au saint Rozaire, lequel agissant de concert avec le sieur doyen, résolurent, en 1682, dachepter deux tuniques de satin blanc, à galons dor et argent faux, et quatre plaques de bois doré pour des cierges à parer lautel ; ce qui fut payé des deniers du tronc et des questes.
Mais comme lautel du Rozaire estoit magnifique, autant que la place le pouvait porter, il semblait fort raisonnable que le reste le fut aussi, je veux dire limage de la Sainte-Vierge qui se porte dordinaire aux processions et quil estoit honteux de ny en porter une que de bois. On forma donc le dessein den avoir une dargent et de prix, aussi bien quune chappe qui respondit à la magnificence de limage, au lieu dune méchante de damas my uzé, dont on se servoit, de même encore quune bannière à la place dune vieille toute délabrée. C'estoient de grands desseins et pour lexécution desquels il estoit besoin de 7 à 800 livres ; mais où les prendre ? Hoc opus, hic labor est. Le sieur doyen jugea à propos de ne proposer que limage dabord, dans les compagnies de gens qui estoient en estat de donner, et dans les conversations des personnes de piété où il se trouvoit journellement ; après quoy, voyant les esprits disposés, il les exhorta en chaire à une si saincte et honorable contribution, mais avec tant de succès et defficacité, quen 1685 on trouva de quoy payer une grande image dargent dun pied et demi, à la couronne dor, sur un piedestal débenne garni dargent. Gardant la même conduitte, en 1686, on achepta une bannière très-belle de damas blanc, à broderie dor et argent fin, et, en 1689, une chappe blanche de moire dargent, à grands galons dor fin, avec une Nostre-Dame sur le chapperon, tenant le petit Jésus entre les bras, tous deux présentant de petits chappelets, portée sur une nüe, un croissant sous les pieds, une couronne dor sur la teste, le tout entouré dun grand chappelet dor fin et desquelles choses le prix fut payé des présents qui furent mis aux mains du d. sieur doyen et du d. Carré, procureur de la confrérie. Il seroit aussi besoin dun beau chasuble conforme à ces autres ornements, quoique celui dont on se sert encore, qui est de satin blanc, à dentelle dor, un rozaire sur le dos, et qui dure depuis lestablissement de la d. confrérie, soit encore assez propre. Mais le temps est si misérable que lon nozerait en faire la proposition.