Janvier 2023 : Cet ouvrage vient d'être réédité, en tirage à la demande. Il s'agit d'une nouvelle édition entièrement recomposée, identique à l'édition originale, et non d'un fac-similé de mauvaise qualité. L'ouvrage de 370 pages est disponible en grand format (18x25cm) en version brochée (couverture souple), en version reliée (couverture rigide), ou bien en 4 petits fascicules à prix étudié, reprenant chacun une des quatre grandes parties de l'ouvrage). Une version Kindle est également disponible.

L'objectif de cette réédition était uniquement de proposer une lecture plus facile et agréable, et pour cela, l'ouvrage a entièrement été remis en page. Pour aider le lecteur à actualiser ses connaissances, une bibliographie mise à jour a été ajouté.

Châteaubriant, baronnie, ville et paroisse



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Mémoires du doyen P. Blays (suite).




III. – De la chappelle au Duc.

Cette chappelle fut bastie par François, dernier duc de Bretagne, en l'honneur de Saint-Sébastien, en 1483. Le bastiment en est grand et magnifique, et sent bien la magnificence de son fondateur. Il est de pierres de taille vertes, a cinq grands vitraux, a un escalier de pierres pour monter au petit clocher de même matière, une sacristie à costé où il y a une petite cheminée, un grand logement au près pour le chappelain, dans une belle grande pièce de terre dépendant de la d. chappelenie. Ce bon duc, outre cette pièce de terre qu'il acheta pour y bastir cette chappelle, lui donne encore pour revenu vingt et quatre écus à prendre sur les halles de Rennes, à la condition que le chappelain dirait cinq messes par semaine dans la d. chappelle, à savoir : le dimanche, une du jour ; le mardi, des trépassés ; le mercredi, de Saint-Sébastien ; le vendredi, de la Croix ; et le samedi, de la benoiste Vierge Marie. Mais, ainsi qu'il se voit dans un acte passé ès-cours du doyen de Châteaubriant et de la baronnie du d. Châteaubriant, en 1500, entre Missires Jan Tafforel, chappelain de la d. chappelenie, et Jean Navinel, prêtre de Châteaubriant, qui s'oblige à ces cinq messes, à réparer le logement seulement et le deffrayer, quand il viendra au d. Chasteaubriant, au sujet de la chappelenie pour la jouissance de la d. pièce et logement seulement, et en outre, la somme de 8 livres, grande charge, et qui fait voir que vingt et quatre écus étoient en ce temps-là une grande somme, et plus que suffisante pour nourrir et entretenir grassement un chappelain, quoique cette somme soit à présent très-médiocre et insuffisante pour tant de services. C'est ce qui a obligé les seigneurs évesques, dans le cours de leurs visites, de régler les d. services, et de réduire les cinq messes à deux par semaine. Cette chappelle est de représentation royalle, depuis qu'une fois nos roys par l'alliance avec la duchesse Anne-de-Bretagne ont entré dans les droits du duché ; ainsi le chappelain peut prendre la qualité d'aumônier du Roy, et comme tel, avoir séance aux Estats de la province.

Cette chappelle, il y a vingt ans et plus, fut mise en réparation par l'ordre de la Reine deffunte qui, ayant appris les désordres où estaient quantité d'églises et chappelles de la présentation du Roy en Bretagne, par un effect de sa piété ordinaire, envoya le nommé Mouchi avec commission de les faire réparer des deniers du domaine. Elle a encore esté réparée depuis et fournie d'ornements nécessaires, fors le calice, par le sieur Chappelier, abbé de Baucain, qui estoit chappelain. Elle aurait encore bien besoin à présent de réparations pour la maison du chappelain que nous avons vue debout et qui est maintenant par terre. Le sieur Maillard, secrétaire de Monseigneur, s'en est fait pourvoir chez le Roy par déférence, n'y ayant point eu de chappelain depuis quelques années, apparemment parce que les Mrs du domaine refusoient de donner les 24 écus, et que le revenu de la pièce n'est pas une rétribution suffisante pour le service et payer les decismes ordinaires. Il espère recevoir ces 24 écus et faire célébrer les deux messes.

Nous avons souvent réfléchi sur le motif réel qui avait pu porter le duc François II à construire ici cette chapelle, les autres motifs contenus dans l'acte de fondation ne nous l'expliquant pas suffisamment. Nos réflexions nous ont conduit à croire que cet acte de piété n'était autre chose qu'une œuvre expiatoire du neveu et successeur de l'assassin de Gilles, son oncle aussi, 21e baron de Châteaubriant, victime de la haine implacable de son frère.

Le duc aimait Châteaubriant : il y vint aussitôt après son couronnement (1459), pour se livrer au plaisir de la classe. En 1461, il y revint pour tenir sur les fonts du baptême François de Laval, fils de Françoise de Dinan et de Guy de Laval, son second mari; il s'occupa, en même temps, de la réparation des remparts de la ville. Nous l'y trouvons encore l'année suivante, passant ses troupes en revue et donnant des fêtes au duc de Berry. En 1466, il s'y rencontrait avec le duc de Calabre. Enfin, en 1472, il y signait un traité avec le marquis de Pont-Amusson.

Pendant ces différents voyages, et même au milieu des fêtes que lui donnait le baron et toute la noblesse du pays, pouvait-il oublier que dans ces lieux l'infortuné Gilles avait été retenu prisonnier dans son propre château ? La belle Françoise, son épouse et la compagne de sa captivité, n'était-elle pas toujours là pour lui raconter la douloureuse histoire de trois années de persécutions et lui faire le récit des horribles tourments par lesquels ses bourreaux terminèrent ses jours ? Trente et quelques années seulement s'étaient écoulées depuis lors ; ces souvenirs étaient donc encore tout vivants dans les cœurs.

Toutes ces réflexions ne nous autorisent-elles pas à penser que François II, en fondant cette chapelle sous l'invocation d'un martyr, a voulu élever un monument expiatoire du crime commis dans sa famille par un frère coupable sur un frère innocent ?

La chapelle au Duc, édifice vaste et très-élevé, construit en belles pierres de taille, vertes, du Bois-Gerband, ne demeura pas longtemps dans sa splendeur. Cent ans après sa fondation, elle avait déjà subi les injures des divers partis qui se disputaient Châteaubriant au temps des guerres de religion. Ces dégradations nous sont connues par un procès-verbal de 1625, sur les réparations à faire à la chapelle et au logis du chapelain pour les mettre en état de servir. Plusieurs habitants y déclarèrent, comme un fait notoire, que l'année précédente le clocher fut démantelé et abattu sur la couverture de la chapelle et tourelle, par l'impétuosité du grand vent et tonnerre, qui firent plusieurs autres ruines en la ville et aux environs, - et que, pendant les guerres civiles dernières, les vitrages de la chapelle furent rompus lors du siège, et que les soliveaux, qui étaient aux planchers du logis du chapelain, furent brûlés par les soldats espagnols, qui étaient lors en cette province et passèrent avec Monseigneur le duc de Mercoeur, qui fit ses…… en cette ville, pour aller au siège de Craon.

Nous renvoyons à la fin du volume l'acte authentique de la fondation de cette chapelle.

IV. – De la chappelle de la Malorais.

Cette chappelle, dédiée à Saint Mathurin, a esté bâtie sur les confins de la paroisse de Saint-Jean-de-Béré, pour la commodité des seigneurs de la Malorais, du Boisbriant, de leurs mettayers et de quelques voisins. Elle a été très-longtemps sans estre dottée ; bien est que Bonabes de la Motte, seigneur du Boisbriant, ayant donné 15 livres de rente sur le petit Sauzay, en Soudan, pour une messe chaque semaine, au dimanche, à la paroisse, à l'autel de Notre-Dame-des-Villages, au-dessus de son banc, parce qu'en ce temps il n'y avait encore de messe de matin en cette église, cette somme fut augmentée par René de la Motte, son fils, du reste du d. lieu dont la ferme estait pours lors à 30 livres. Mais à présent elle ne va qu'à 21 livres, parce que le service serait transporté à la chappelle de la Malorais. Cette modicité de revenu est cause qu'il n'y a point de chappelain. Le seigneur à présent y fait dire des messes jusqu'à la concurrence du revenu. La chappelle est propre et fournie de tous les ornements nécessaires (1).

(Ici nous passons la liste des chappelénies, légats et fondations avec leurs revenus et charges, comme n'offrant désormais aucun intérêt, ce qu'elle renferme d'utile à l'histoire se trouvant disséminé dans tout le cours du récit).







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