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L'objectif de cette réédition était uniquement de proposer une lecture plus facile et agréable, et pour cela, l'ouvrage a entièrement été remis en page. Pour aider le lecteur à actualiser ses connaissances, une bibliographie mise à jour a été ajouté.

Châteaubriant, baronnie, ville et paroisse



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SECTION PREMIERE

De l'administration temporelle.




L'administration temporelle de la paroisse était confiée à deux habitants notables qui prenaient le titre de procureurs-fabriqueurs, comptables, trésoriers ou marguilliers. Cette charge était annuelle. Il ne paraît pas qu'elle ait été élective ; c'est du moins ce qu'il est permis de conjecturer d'après le silence absolu que nos archives gardent à cet égard. Il est probable qu'ils étaient désignés dans le conseil chargé d'examiner chaque année les comptes, conseil présidé par le commissaire ecclésiastique nommé par l'évêque, et composé de certains officiers seigneuriaux et de plusieurs notables de la paroisse, la plupart anciens fabriqueurs.

Les nouveaux procureurs-fabriqueurs entraient en charge à la Chandeleur ; à la fin de l'année, ils rendaient un compte détaillé de leur gestion à leurs successeurs, qui prenaient en charge le reste de l'exercice précédent. Ils devaient administrer les fonds et les revenus de la fabrique, des confréries et des fondations, faire toutes les diligences nécessaires pour le recouvrement des rentes et poursuivre les retardataires. Ils recevaient encore les donations en faveur de l'église, qu'ils consignaient sur le registre paroissial, passaient les fermes des immeubles, avaient le soin des enfants trouvés et veillaient à la conservation des archives. C'était à eux qu'incombait la charge de tenir en état le bâtiment de l'église, son mobilier, ses autels, les vases, les linges et ornements sacrés, le cimetière avec ses clôtures, le presbytère et son mobilier.

Comme on le voit, les comptables de Béré, dans les temps dont nous écrivons l'histoire, étaient tout autre chose que nos marguilliers (1) d'aujourd'hui. Ils n'étaient pas seulement administrateurs des biens de l'église et de la paroisse et pourvoyeurs du culte extérieur ; en certains temps, leurs fonctions, déjà si importantes, s'élevaient jusqu'à la hauteur d'une magistrature.

Nous savons, en effet, que la communauté de ville ne fut instituée à Châteaubriant qu'en l'année 1587. Or, dans les siècles qui précédèrent, et même dans les temps qui suivirent, jusqu'à la complète organisation de l'administration communale, nos procureurs-fabriqueurs furent, par le fait, les seuls chargés des intérêts communs, les seuls intermédiaires entre le pouvoir civil central et la paroisse. Ainsi, c'était à eux qu'on s'adressait pour dresser les rôles de fouages, les emprunts et autres impositions ; à eux de fournir les déclarations touchant l'état des biens imposables ; à eux que s'adressaient les lettres royales, auxquelles ils avaient le devoir de répondre ; enfin, à eux d'entreprendre tous les voyages nécessaires pour traiter les affaires d'intérêt paroissial (2), de soutenir les procès ou d'en intenter, etc. Aussi n'est-on pas peu surpris de voir figurer dans leurs comptes des dépenses concernant l'ordre purement civil et politique.

Sans vouloir donner à ces fonctions une importance exagérée, nous sommes pourtant forcés de convenir que, vu le caractère religieux et sacré des affaires dont ils avaient le maniement et la responsabilité, ces hommes jouaient un rôle considérable dans la société telle qu'elle était instituée alors. Ce qui nous le prouve assez, c'est que l'église ne croyait pas trop faire que d'exiger d'eux, lorsqu'ils entraient en charge, de promettre et jurer, par leur serments sur les saintes Evangiles, de se porter bien et deulment au faict de la procuration et fabrice, et d'en rendre bon et loyal compte. Pareils serments étaient répétés quand ils rendaient leurs comptes. On comprend que le choix du général ou conseil de fabrique ne pouvait tomber que sur les hommes les plus intègres et les plus considérés : nous ne avons trouvé dans tous les états : nobles, artisans, marchands, laboureurs. Les avocats et procureurs seuls en étaient dispensés lorsqu'ils étaient en exercice. Cette sorte de magistrature religieuse conférait à celui qui l'avait exercée un titre honorifique, qu'il aimait à prendre et à consigner dans les actes publics. Nous avons trouvé fréquemment, dans les registres de la municipalité, cette signature : N***, ancien fabriqueur.

L'intérêt n'entrait pour rien dans cet office de piété et de dévouement ; l'exemption de la collecte des impositions publiques, une place d'honneur à l'église et au général de la paroisse quand ils avaient rendu leurs comptes, n'étaient certes pas des privilèges bien capables de tenter ceux qui auraient ambitionné autre chose que l'honneur de servir Dieu et son Eglise.

Nous croyons que ces comptes de nos anciens procureurs-fabriqueurs appartiennent trop intimement à l'histoire de Béré pour ne pas les faire connaître à nos lecteurs. Nous prenons presque à l'aveugle celui de l'année 1511, et nous allons l'exposer in extenso, sauf les répétitions, à la curiosité des amis de l'antiquité religieuse.

Compte de l'an 1511.

Le compte que rendent Jehan Martin et Symon Bagaye, derrains procureurs de la fabrice de l'église de Saint-Jean de Béré, à Michel Perren et Jehan Amice, à présent procureurs et fabriqueurs de ladite fabrice, devant M. le commisaire, commis du très-révérend Père en Dieu Mgr Robert (3), par la grâce de Dieu cardinal de Sainte-Anastaise et évêque de Nantes, pour ouyr ledit compte des receptes et mises par lesdits Martin et Bagaye, faites audit office de procuration depuy leur institution jusque au jour et dabte de la déduction de ce présent compte, qui fut le 10e jour de février l'an 1511.


Premier.

Lesdits Martin et Bagaye se chargent des calices, custodes, encensiers, chappes, chasubles, daumoires, linges et ornements leur baillés par les précédents procureurs, selon qu'ils s'en sont deschargés par le compte cy davant.

Se chargent oultre, de la somme de 100 livres tournois, qu'ils ont eue et receue de Jehan Dorel et Georges Galicier, derrains procureurs, et de Guillaume Bouschet et Guillaume Baudoyn, selon qu'il est contenu par la déduction dudit derrain compte escript au précédent feillet

et pour ce100l »s »d
Le dimanche 23e jour de février 1511nichil
Le dimanche 2e jour de mars audit an, fut vendu au lieu accoutumé une mèche de poys et une mèche de febves 4 sols, une teste du pourceau, une arblaise et un jambon 3 sols 2 deniers, une troschée d'oignons 7 deniers, qui est somme 7 sols 9 deniers dont ils se chargent, et pour ce» 7 9
Ledit jour, fut trouvé en la boueste (tronc) de Béré, en présence de François Harel et Carillé » 3 5
Le mercredi des Cendres, 5e jour de mars, fut trouvé en la boueste de Saint-Nicollas, en présence de Ollivier Rouillé et Guillaume Olivron, 8 deniers, dont le curé en a eu la moitié (4), - et celuy jour en la boueste de Béré 1 denier, et pour ce» » 5
Le dismanche 9e jour dudit moys de mars, un coing de beurre, vendu 14 deniers, et pour ce» » 14
Le dismanche 16e dudit moys, deux bouesseaux de seille (seigle) vendu 7 sols 8 deniers, ung bouex. avoine grosse, ung bouex. avoine menue 4 sols 9 deniers, ung pacquet de lin qu'est somme 14 sols 4 deniers, et pour ce» 14 4
Le dismanche 23e jour de mars et le dismanche pénultième jour dudi moys, un pacquet de lin 10 deniers et ung cochon vendu 4 sols, et pour ce» 4 10
Le dismanche 6e jour d'avril, troys porceaulx» 7 6
Le jour de Pasques, 20e jour d'avril 1511 entrant (5), fut prins sur l'offerte de Béré»l »s 12d
Le dismanche 27e jour dudit moys, fut vendu ung pot de beurre et ung cochon» 6 »v
Le dismanche 4e jour de may, sept pots (6) de beurre vendus 7 sols 10 deniers, pour ce» 7 10
Le dismanche 11e jour de may, quatre cochons vendus 6 sols 6 deniers et quatre pots de beurre vendus 4 sols 5 deniers, et pour ce» 10 11
Le dismanche 18e jour de may, que la procession fut à Saint-Julliennichil.
Le dismanche 25e jour de may, vingt-deux pots de beurre vendus» 19 4
Audit jour, ung cochon vendu 3 sols 5 deniers et ung pacquet de lin 12 deniers, pour ce» 4 5
Le dismanche premier jour de juing, dix-neuf pots de beurre vendus 18 sols 3 deniers et quantité de lin 3 sols 3 deniers» 21 6
Item, se chargent de la somme de 15 sols 10 deniers pour le reste de l'argent d'un calice qui fut baillé à François Dupont, orfeuvre, à reffaire, quel il reffit plus léger que celuy qui luy avait esté baillé de quatre gros et démy qui furent appréciés valleur ladite somme, en présence de Jehan Doré, Jehan Richard, Ollivier Rouillé, Macé Montoir et aultres, et pour ce» 15 10
Item, se chargent de la somme de vingt sols tournois que le tailleur de mademoiselle donna à ladite fabrice par son testament, pour ce» 20 ts
Le dismanche 22e jour de juing, saize pots de beurre vendus.» 14 2
Le lundy suivant, vigille de saint Jehan-Baptiste, fut trouvé en la boueste de saint Nycollas 11 sols 10 deniers, dont le curé en a eu la moitié, pour ce» » 17
Ledit jour fut trouvé en la boueste de Béré»l 18s 4d
Le dismanche pénultième jour de juing fut vendu treize pots de beurre» 11 6
Le dismanche 6e jour de juillet, que la procession fut à la Primaudière (7)» Nichil.
Le dismanche 27e jour de juillet, deux pots de myel vendus 17 deniers» » 17
Un cochon» » 18
Quantité de poyres et de febves» » 7
Une liasse d'oignons 12 deniers, un paquet de lin 9 deniers» » »
Quantité de pommes et de raisins» » 9
Un bouesseau de froment noir (8)» 3 2
Deux noux (nœuds) d'eschine de pourceau»l »s 18d
Une bégasse» » 10
Un jambon et troy noux d'eschine» 4 8
Deux pacquets de chanvre et lin» » 19
Le premier jour de l'an, sept pains de seille» 8 »
Un pacquet de pasnées (panais) et une poupée de lin» » 18
Item, se chargent de la somme de vingt soulz que feu Gilles Ronzeray donna à la fabrice» 20 »
Le dismanche, premier jour de février, une brebis vendue» 7 9
Pour l'enterraige de madame de la Mercerie» 12 »
Se chargent oultre, lesdits comptables de 9 sols tournois qu'ils ont reçu de dom Jacques Guynonet pour le jardin qu'il tient, et que donna la grant Jehanne à la fabrice, pour ce» 9 »
Plus, se chargent des rentes appelées leix, montant pour l'an dont ils ont été procureurs6 9 3
Et ne se chargent du pain benoist donné à la fabrice, parce que ceux qui le doivent l'ont payé en espèces qui ont été employées en pain benoist.
Item, de 65 sols tournois que Jehan Dovel donna à ladite boueste, pour ce» 65 »






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