Janvier 2023 : Cet ouvrage vient d'être réédité, en tirage à la demande. Il s'agit d'une nouvelle édition entièrement recomposée, identique à l'édition originale, et non d'un fac-similé de mauvaise qualité. L'ouvrage de 370 pages est disponible en grand format (18x25cm) en version brochée (couverture souple), en version reliée (couverture rigide), ou bien en 4 petits fascicules à prix étudié, reprenant chacun une des quatre grandes parties de l'ouvrage). Une version Kindle est également disponible.

L'objectif de cette réédition était uniquement de proposer une lecture plus facile et agréable, et pour cela, l'ouvrage a entièrement été remis en page. Pour aider le lecteur à actualiser ses connaissances, une bibliographie mise à jour a été ajouté.

Châteaubriant, baronnie, ville et paroisse



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Avant-Propos




Tous ceux qui ont écrit sur Châteaubriant n'ont pas manqué d'en faire remonter l'origine à une ville, ou au moins à une forteresse romaine du nom de Cadetes. Cette assertion; dont on se souciait peu de donner des preuves, n'a pu avoir d'autre base que la fantaisie de se donner César pour père, et pour ancêtres un peuple subjugué par ses armes. Pour nous, qui tenons peu à cette descendance. Nous avons le regret de venir contredire nos devanciers et combattre une opinion qui ne résiste pas à un examen sérieux. Ce point historique, que j'ai soumis à mon érudit et bienveillant ami, Monsieur de la Sicotière, lui a fait faire des recherches que je livre avec plaisir aux lecteurs.

«On lit dans quelques éditions de César Cadetes, au n° 75 du livre VII.

Mais le P. Briet (Parallela Geographiæ veteris et novæ. 1648-49), et Walkenaer (Géographie ancienne et comparée des Gaules, 1839), ont établi qu'il fallait lire Caletes, ainsi, du reste, que le portent la plupart des manuscrits et des imprimés.

Hirtius Pansa, liv. III, ch. 7, Strabon, Ptolémée écrivent Caleti, Caletes, en plaçant ce peuple aux lieux où César place le sien.

Or, les Caletes sont, d'un commun accord, placés par tous les critiques, notamment par Walkenaer, la grande autorité en cette matière, à l'embouchure de la Seine. (T. 1, p. 434, 435, 436, et t. 2, p. 255). Leur capitale était Juliobona (Lillebonne).

Objecterait-on que César, VII, 75, les place en Armorique ? La réponse est facile. «Les peuples armoricains de César n'étaient pas restreints à ce que nous appelons la Bretagne mais ils comprenaient aussi tous les peuples dont les rivages, dans les derniers temps de la puissance romaine, retenaient encore le nom d'Armoricanus tractus, et qui s'étendaient au nord jusqu'à la Somme.» (Walkenaer, p. 437.)

A l'appui de cette opinion, il suffit de faire remarquer que les Unelli, peuple du Cotentin, sont compris dans la même nomenclature par César, et que Hirtius Pansa, VIII, 7, place les Caleti entre les Aulerces, peuple du Maine, de l'Alençonnais et d'Evreux, et les Velocasses, dont la capitale était Rouen.

C'est cependant dans cette attribution des Caletes à la Bretagne proprement dite, qu'il faut chercher la source de l'opinion qui les place aux environs de Châteaubriant.

De cette opinion, je ne trouve trace dans aucun des ouvrages accrédités que j'ai pu consulter, sauf dans un petit volume intitulé : Traité géographique des peuples, villes, rivières, forêts et lacs tant de l'ancienne que de la nouvelle Gaule. - Caen, 1690. On y lit :

Cadetes, coes. celt. - Selon Sanson, peuple de Normandie, vers Baveux et Caen ; et selon Brontius, ce sont les peuples de Château Brillant en Bretagne. Le P. Briet corrige Caletes.....

Je ne connais pas ce Brontius. Il existait un poète latin de ce nom, au commencement du XVIe siècle. mais il était Flamand et ne s'est jamais, que je sache, occupé de géographie.

Il faudrait donc tâcher de découvrir l'ouvrage de Brontius.

Voici du moins l'origine, la filiation probable de l'opinion qui place les Cadetes à Châteaubriant. Opinion inadmissible de tout point, et contre laquelle proteste le texte même invoqué, qui fait des Cadetes ou Caletes un peuple riverain de la mer.»

A ces preuves, qui nous paraissent si décisives, ajoutons que les voies romaines qui courent à l'est et au midi de Châteaubriant, les Châteliers que nous avons trouvés, s'échelonnant dans les environs, à des distances presque symboliques, prouvent bien que les légions victorieuses de César ont occupé tout ce pays ; mais l'établissement d'une citadelle romaine au fond d'un entonnoir, sur un rocher isolé de tous côtés, est un fait si insolite et si contraire aux règles de stratégie dont les Romains ne se départaient jamais dans leurs campements et surtout dans leurs stations ou postes permanents, qu'il subirait à lui seul pour renverser l'opinion que nous combattons.

Enfin, et contrairement à ce qui est arrivé partout ailleurs, pas un pan de muraille, pas un fragment de vase ou de briques, pas une pièce de monnaie n'a été trouvée pour affirmer en ce lieu la présence de ces fiers conquérants qui trop longtemps asservirent notre patrie.

D'où nous devons conclure : 1° que les Cadétes ou Calétes n'étaient point les peuples du pays de Châteaubriant ; 2° que, lors même on adopterait cette opinion, rien, dans l'histoire ni dans la tradition, n'établit que le château de Brient se soit élevé sur l'emplacement d'un castellum bâti par César, ou d'une villa romaine.

Ceci posé, entrons en matière.







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