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Châteaubriant, baronnie, ville et paroisse



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Section deuxième

De l'administration spirituelle.




P'our donner l'idée la plus complète qu'il nous sera possible de l'administration spirituelle, nous rassemblerons, sous les noms des recteurs de Saint-Jean, tous les faits qui se sont produits pendant qu'ils administrèrent la paroisse, en suivant l'ordre des temps. Malheureusement, plusieurs de ces noms demeurent inconnus jusqu'au milieu du XVIe siècle : et de ceux que nous connaissons, nous n'avons presque rien à dire. Il est à regretter que le doyen Blays, dont les mémoires vont remplir à eux seuls, à peu de choses près, tout cet important article, n'ait pas songé à combler cette lacune.


1er . - Isaur, 1142-1147

Nous ne le connaissons que par une charte (1) d'Itier, évêque de Nantes, qui, du consentement de l'archidiacre Normand et du doyen Isaur, donne à Guérin, abbé de Marmoutier, et à son abbaye, la chappelenie (2) de l'église Notre-Dame de Châteaubriant (cappellaniam ecclesie Saint-Marie de Castello Brient.), à condition à condition que les moines établis en ce lieu paieront à l'Eglise de Nantes, le jour Saint-Pierre, un cens annuel de 6 deniers angevins.

Geoffroi, seigneur de Châteaubriant, avait remis préalablement aux mains de l'évêque tout le droit qu'il pouvait avoir en ladite église.


2e. - Garsire, 1147-1170

Lui aussi ne nous est connu que par une charte de Bernard, évêque de Nantes, où, sur le différend mû, touchant les droits de sépulture, entre les moines de Béré et le curé de Saint-Jean (qui se nommait alors Garsire), il décide que, quand le curé  aura pour une sépulture de 5 à 14 deniers, les moines en auront 2 ½, ce droit leur ayant été concédé par les évêques prédécesseurs de Bernard, pour l'entretien du luminaire de leur église priorale.


3e. - Hilaire, 1197 à 12..

Jusqu'ici le cartulaire de Béré ne nous apprend de l'administration des anciens recteurs de Saint-Jean que leur zèle à conserver leurs droits ou à en acquérir de nouveaux. En voici une nouvelle preuve : c'est une charte de Philippe, abbé de Saint-Julien-de-Tours, et d'André, archiprêtre d'Amboise, dans laquelle ils sont établis juges par le Saint-Siège pour juger en dernier ressort le procès élevé entre les moines de Béré et Hilaire, curé de Saint-Jean, procès renouvelé, après avoir été une première fois terminé par Robert, autrefois évêque de Nantes. Le prieur prétendait avoir le droit : 1° de célébrer l'office en l'église de Saint-Jean, à cinq jours de l'année (Noël, la Purification, Pâques, la Nativité de Saint-Jean-Baptiste et la Toussaints) ; 2° de prendre les deux tiers des offrandes à ces cinq jours, et en outre, dans l'octave de Noël, au Vendredi saint, et au lendemain de l'octave de Pâques ; 3° de prendre les deux tiers des prémices ; 4° d'avoir 2 deniers ½ par sépulture, quand le curé en aurait au moins 5. De tout quoi le curé ne voulait laisser jouir les moines depuis dix ans. Mais enfin, il reconnut, en présence des juges ci-dessus, qu'il avait eu tort, et promit de garder à l'avenir le droit des moines.

De plus, comme il réclamait de ceux-ci certaines provisions aux octaves de Noël et de Pâques, il y renonça, sauf à celles auxquelles il aurait droit les cinq jours où le prieur venait officier dans l'église de Saint-Jean. Il reconnut enfin qu'aux cinq jours de fêtes ci-dessus nommées, il ne pouvait, sans l'assentiment du prieur, célébrer l'office en la chapelle de Saint-Nicolas à Châteaubriant, vu que cette chapelle n'est qu'une fille de l'église-mère de Saint-Jean (cum et ipsa capella filia sit matricis ecclesie) ; s'il l'y célèbre du consentement du prieur, celui-ci aura les deux tiers des offrandes faites en cette chapelle, comme de celles faites en l'église de Saint-Jean. Mais, au lieu de percevoir réellement les diverses portions d'offrandes auxquelles ils avaient droit, les moines accordèrent que le curé leur servirait une pension annuelle de 40 livres, payable par moitié à Noël et à Pâques ; mais ils se réservèrent de reprendre directement leur part des offrandes en renonçant à la pension, si cela leur convenait, dix ans après la date de cet arrangement (3).

De ce document, nous inférons deux choses : la première, c'est que les religieux du prieuré de Saint-Sauveur étaient bien réellement curés primitifs non-seulement de Saint-Jean, mais encore de l'église de Châteaubriant ; la seconde, c'est que cette église Notre-Dame, dont il a été parlé plus haut, n'est pas autre que celle appelée plus tard et aujourd'hui encore Saint-Nicolas ; le doute n'est plus possible.

Dans les premières années du siècle suivant, de nouvelles difficultés surgirent encore entre les mêmes personnages, et furent aplanies par les mêmes juges, qui réglèrent que les dîmes du chanvre, du lin, des oignons et des aulx étant de menues dîmes, il en serait disposé comme des prémices entre le curé et les moines.


4e . - Robert de Fercé, 1252 à 1281.

Nous ne savons de ce doyen que ce que nous en dit le doyen Blays dans ses mémoires, comme on le verra en son lieu. Quelques chartes du cartulaire de Béré, qui portent son nom, ne nous éclairent pas davantage sur sa longue administration, dont elles nous révèlent simplement la durée. Il dut assister à la réédification de Notre-Dame de Châteaubriant, ordonnée par le testament de Geoffroy IV, 1263 (4).


5e . - Pierre des Charbonnières, 1307.

6e . - Geffroy, 1398.

Il fit procès aux Trinitaires de Châteaubriant, lors de l'enterrement de Jehanne de Baumanoir, dame de Châteaubriant, dans leur chapelle, à propos des oblations dont il prétendait avoir le privilège.


7e . - de 1400 à 1558.

Administration des doyens fainéants ou non résidants ; nous n'avons même pas leurs noms, sauf celui de François d'Espinose (1539), qui prit possession du doyenné en baptisant un enfant dont il fut le parrain. Ainsi, pendant 150 ans, les brebis ne connurent point leurs pasteurs, qui vivaient loin d'elles, soit à Rennes, soit à Nantes, se contentant de mettre à leur place de pauvres prêtres pour vicaires ou fermiers, qui ne se mettaient guère en peine de conserver les droits du bénéfice. C'est ce qui se voit par les papiers des comptes, qui ne furent examinés pendant tout ce temps que par les vicaires ou sous-vicaires, en vertu des lettres de procuration que chaque année les fabriqueurs allaient chercher à Nantes, et pour lesquelles la fabrique payait certains droits à l'évêque.


8e . - Étienne Dutertre, 1558-1568.

Celui-ci paraissait décidé à jouir de son bénéfice, ainsi que ses prédécesseurs, sans se donner la peine de paître le troupeau. Mais les paroissiens, fatigués de cette longue absence, sentant tout le préjudice qu'un tel état de choses apportait aux affaires de la paroisse et au bien de la religion, armés d'ailleurs du décret du concile de Trente, qui oblige à la résidence les pasteurs qui ont charge d'âmes, intentèrent procès au nouveau doyen par devant le Parlement de la province. Ce moyen leur réussit, et le doyen récalcitrant fut condamné à demeurer au milieu de ses paroissiens, heureux de posséder enfin celui que l'amour, bien plus que la force, aurait dû leur donner (5).


9e . - Robert Truillot, 1571-1575.

Le doyenné étant à l'alternative, c'est-à-dire tantôt à la nomination de l'évêque, tantôt à la nomination du Pape, on conçoit que les provisions en cour de Rome se fissent attendre longtemps ; c'est ce qui arriva pour Robert Truillot (dont le nom paraît étranger), et pour plusieurs autres dans la suite.


10e . - Guillaume Nicolle, 1578-1586.

Il prit possession dans le cours de l'année 1578 et mourut avant la fin de l'année 1586, ainsi qu'il peut se voir par un concordat fait entre ledit doyen-recteur et les prieur, religieux et sacristain du prieuré de Béré, au sujet des oblations de l'église Saint-Jean, des dixmes, processions, prééminences, et de tous autres droits honorifiques appartenant auxdites parties dans ladite église, et des charges et devoirs dont chacune d'elles sont tenues les unes envers les autres, le tout y détaillé et amplement spécifié par le menu. Par lequel icelles parties seraient convenues, entre autres choses, que, suivant l'ancien usage, les deux tiers de toutes ces oblations appartiendraient audit sacristain, et l'autre tiers audit recteur ; qu'iceluy sacristain aurait droit de percevoir les deux tiers des laines de dixme en ladite paroisse, depuis le chemin qui conduit de Martigné à Châteaubriant, et de Châteaubriant à Nantes, à main droite vers soleil couchant, et ledit recteur l'autre tiers ; et qu'il aurait pareillement droit de prendre et percevoir, dans l'étendue du fief du prieuré de Béré, toutes les dixmes et prémices d'agneaux, laines, lins et chanvres, même sur la métayrie de Choisel, à l'exclusion du recteur. Cet accord porte la date du 19 avril 1586.


11e . - Geffroy Jumel. 1588-1590.

Ce prêtre saint et zélé avait été recteur de Nozay, d'où il était venu se fixer à Châteaubriant, lieu de sa naissance, employant la fortune que Dieu lui avait donnée à faire le bien et à préserver ses concitoyens du poison de l'hérésie protestante. Il exerçait son ministère en la chapelle de Saint-Nicolas comme simple prêtre et chapelain de l'Epinette, lorsqu'il fit les trois utiles fondations dont nous avons eu occasion de parler précédemment : la sonnerie de toutes les cloches pendant les processions de la Fête-Dieu, la fondation d'un prédicateur pour le Carême et d'un autre pour le temps de l'Avent. Il n'arriva au bénéfice qu'en 1588 et ne le tint que deux ans.


12e . - Frère Romain Amyce, 1591-1593.

Il était prieur claustral de Saint-Sauveur de Béré et originaire de Châteaubriant. Les procureurs-fabriqueurs lui rendent leurs comptes comme doyen ; et cependant, vers la fin de son administration, on semble lui retirer cette qualité. Il paraît n'avoir tenu le bénéfice que pour le transmettre à son neveu, François Galpin.


13e . - François Galpin, 1593-1598.

Il fut enterré près de la grande porte de Béré, au petit cimetière.







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