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Châteaubriant, baronnie, ville et paroisse



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Chapitre III

Charles de Dinan et ses fils

1383-1444.




La famille de Dinan-Montafilant, qui posséda durant un siècle la baronnie de Châteaubriant, était issue des vicomtes de Dinan. Nous avons dit précédemment que Rolland de Dinan, seigneur de Montafilant, épousa Thomasse de Châteaubriant, fille de Geoffroy VI, en 1315. De cette union naquit un autre Rolland de Dinan, seigneur de Montafilant, qui fut tué à la bataille d'Auray (1364). Ce dernier seigneur laissa un fils, nommé Charles de Dinan, qui devint seigneur de Montafilant, du chef de son père, et baron de Châteaubriant, du chef de sa grande tante, Louise de Châteaubriant.

Charles de Dinan naquit, croit-on, au château de Montafilant, en Corseul, près Dinan ; « ses gestes sont longs à raconter, » dit le P. du Paz ; il s'appliqua de bonne heure à la science des armes, et se comporta vaillamment à la bataille d'Auray, où il perdit son père, mais où il délivra du Guesclin cerné par les Anglais ; il fit voler la cervelle de Richard de Cantorbéry, pendant que, de son côté, Beaumanoir abattait à coups de hache un des autres assaillants de Bertrand. L'année suivante, il contribua au paiement de la rançon de du Guesclin, fait prisonnier à Navarette. En 1372, il prit part au siége de Bécherel, et en 1379, il fut l'un des quatre principaux chefs de la Ligue qui se forma pour le rappel du duc de Bretagne. Aussi, au retour de ce prince, marcha-t-il avec un corps de troupes pour l'aider à reprendre possession de son duché ; après quoi, Jean IV lui donna un témoignage de confiance, en le choisissant pour un des arbitres de ses différends avec le roi de France (1).

Tels étaient les glorieux antécédents de Charles de Dinan lorsqu'il hérita de la baronnie de Châteaubriant (1383) ; il était déjà un vaillant guerrier ; il devint alors un des plus riches seigneurs de Bretagne. Il ne jouit toutefois de cette seigneurie qu'en 1385 ; le duc Jean IV ayant usé de son droit de rachat qui le rendit maître pendant toute l'année 1384 de notre baronnie.

Dès l'année suivante, le nouveau seigneur de Châteaubriant parut en armes devant Brest qu'assiégeait Clisson ; il était en cette circonstance lieutenant du duc de Bretagne, et se conduisit comme toujours avec beaucoup de valeur ; mais le duc de Lancastre secourut et sauva Brest, qui resta aux Anglais (2).

Peu de temps après, se tinrent à Vannes les Etats du duché, et à la suite de cette assemblée le connétable de Clisson fut traîtreusement enfermé dans le château de l'Hermine. Toujours dévoué à Jean IV, Charles de Dinan ne craignit pas de faire sentir à ce prince combien sa conduite avait été coupable et imprévoyante ; il le supplia de traiter avec son prisonnier et de rendre le connétable à la liberté. Le duc se laissa aller après bien des instances à de meilleurs sentiments ; il relâcha Clisson, lui ayant fait toutefois signer un acte qui le dépouillait d'une grande partie de sa fortune (1387). Clisson retourna furieux, comme l'on sait, à la cour du roi de France, et Charles VI ordonna au duc de Bretagne de venir expliquer sa conduite envers son connétable. Au commencement de l'année suivante, Jean IV se rendit donc à Paris, accompagné du baron de Châteaubriant et de plusieurs autres seigneurs, et fit de nouveau avec Clisson une paix plus apparente que réelle.

De retour en Bretagne, Charles de Dinan continua de jouir de la faveur ducale ; il fut fait membre du Grand-Conseil de Jean IV, et assista à, toutes les importantes assemblées de Bretagne.

Aux Etats de Rennes et de Vannes, le duc voulut même que le baron de Châteaubriant prît la première place à gauche du chancelier, avant tous les autres barons. Enfin la duchesse de Bretagne étant accouchée d'une fille, ce fut Charles de Dinan qui tint la jeune princesse sur les fonds baptismaux (1390) (3).

En 1391, Jean IV envoya le seigneur de Châteaubriant, en qualité d'ambassadeur, près du roi d'Angleterre, le chargeant en même temps de se rendre ensuite à la Cour de France pour y traiter de diverses affaires politiques avec Charles VI. Puis, l'année suivante, ce même seigneur accompagna au mois de janvier le duc de Bretagne à Tours ; là se trouvaient le roi de France et beaucoup de seigneurs de part et d'autre. Deux traités y furent signés entre le duc de Bretagne et le comte de Penthièvre et le connétable de Clisson. Les différends entre Jean IV et ces deux seigneurs paraissant accommodés, le roi exigea que le duc remît dans vingt jours les places de La Guerche et de La Roche-Derrien au comte de Penthièvre et payât au connétable ce qu'il lui devait. Le seigneur de Châteaubriant et deux autres chevaliers partirent alors de Tours et se rendirent à Angers, après avoir toutefois cautionné le duc de Bretagne. Ils demeurèrent à Angers jusqu'à ce que les deux places fortes eurent été livrées au comte de Penthièvre et la somme payée au connétable. Charles de Dinan s'engagea dans cette occasion pour seize mille francs, autant que le sire de Laval, ce qui montre combien grande était la fortune du seigneur de Châteaubriant. Il ne demeura pas longtemps â Angers, car le duc s'occupa de délivrer ses otages en tenant ses promesses. Il leva de nouveaux forages, tant pour rembourser les seigneurs qui avaient payé, que pour acquitter ce qui restait, et chargea Charles de Dinan de lever cette imposition dans la Basse-Bretagne pendant que le baron de Laval la lèverait dans la Haute (1392).

Tous ces accords du duc Jean IV et du connétable n'étaient point sincères ; deux ans plus tard, la guerre recommença entre eux. Le seigneur de Châteaubriant, qui avait, comme on vient de le voir, fait tous ses efforts pour les réconcilier précédemment, essaya de nouveau de les amener à une paix sérieuse ; il alla, au nom du duc, trouver le connétable à Josselin, et lui faire des propositions amicales ; mais il y fut mal reçu, car Clisson refusa nettement d'aller trouver le prince, et le baron de Châteaubriant revint rendre compte à Jean IV du mauvais succès de son voyage. Cependant le duc de Bourgogne étant venu à Ancenis, le duc de Bretagne, accompagné de Charles de Dinan, s'y rendit aussi et y trouva Clisson, avec lequel il fit une sorte de compromis. Toutefois, la haine reprit le dessus entre ces deux hommes, qui se querellèrent encore une année et finirent par s'accorder définitivement au pont d'Aucfer, près Redon (1395) (4).

Après la mort de Jean IV, arrivée en 1399, le seigneur de Châteaubriant acheva son rôle de médiateur entre l'autorité ducale et Clisson, en s'unissant à quelques autres seigneurs pour faire passer un accord entre la duchesse de Bretagne, tutrice du jeune duc Jean V, et le fougueux connétable, dont on redoutait encore quelque entreprise.







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