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Châteaubriant, baronnie, ville et paroisse



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Chapitre III (suite)




Charles de Dinan continua de jouir, en effet, de la même faveur que précédemment à la cour de Bretagne. En 1402, la duchesse, veuve de Jean IV, s'étant remariée avec le roi d'Angleterre, le baron de Châteaubriant, de concert avec d'autres seigneurs, lui conseilla de donner la régence de Bretagne au duc de Bourgogne, oncle de Jean V, ce qui eut lieu cette même année. Il eut bien soin, du reste, de prendre des précautions pour sauvegarder les droits du jeune duc. Aussi, dès que Jean V eût atteint sa majorité, le duc de Bourgogne s'empressa-t-il de quitter le pouvoir ; le nouveau souverain de la Bretagne vint à l'hôtel Saint-Paul à Paris trouver le roi de France, Charles VI, et là, en présence de nombreux barons et évêques, parmi lesquels se trouvait Charles de Dinan, Jean V prêta le serment accoutumé entre les mains de son royal suzerain. Puis, le duc de Bourgogne fit ses adieux à son ancien pupille en lui dressant un état de maison vraiment splendide ; le seigneur de Châteaubriant y fut désigné comme devant remplir la charge de chambellan du nouveau duc.

Charles de Dinan demeura donc près de Jean V ; on l'y retrouve, en effet, au mois de janvier 1404 et au mois de juin 1405. A cette dernière époque, le bruit courut en Bretagne que les Anglais voulaient y faire une descente. Afin de n'être pas surpris par eux, le duc de Bretagne ordonna aussitôt au baron de Châteaubriant de se tenir sur ses gardes, et, si la nouvelle se confirmait, de se retirer à Rennes et d'assembler la noblesse pour marcher immédiatement contre l'ennemi. Mais ces bruits se dissipèrent et les Anglais ne parurent point (1).

Charles de Dinan parut ensuite aux Etats de Vannes, tenus en décembre 1408. Le duc de Bretagne y décida qu'une ambassade irait trouver le nouveau duc de Bourgogne pour connaître ses sentiments à l'égard des Bretons. Il nomma entre autres ambassadeurs le sire de Châteaubriant et lui enjoignit de partir ; celui-ci se rendit donc à Chartres, où se trouvait alors le duc de Bourgogne, et s'assura de son amitié. Cette ambassade fut le dernier acte politique que nous connaissions de Charles de Dinan. Il vécut encore dix ans cependant, mais probablement usé par la vieillisses et par de si longs travaux, il ne se mêla plus des affaires publiques, car l'histoire est désormais muette à son égard.

Nous allons donc pouvoir parler maintenant de la vie privée de ce seigneur. Charles de Dinan contracta quatre mariages : il épousa 1° Jeanne d'Ancenis, dame dudit lieu, veuve de Thibault de Rochefort, seigneur de Rochefort et vicomte de Donges. Elle avait eu de son premier mariage une fille unique, nommée Jeanne de Rochefort, qui épousa le maréchal de Rieux, mais elle n'eut point d'enfants de Charles de Dinan ;

2° Constance de Coetlant [2], veuve d'Even du Faou, vicomte audit lieu ; elle ne laissa point de postérité ;

3° Jeanne de Beaumanoir, fille de Jean IV, seigneur de Beaumanoir, du Guildo et de la Hardouinaye, et de Marguerite de Rohan, nièce par conséquent du héros de la bataille des Trente, Robert de Beaumanoir, maréchal de Bretagne.

Le seigneur de Châteaubriant eut sept enfants de cette union ; ils se nommaient : Henri, - Rolland, - Robert, - Bertrand, - Jacques, - Thomine et N....; nous parlerons plus loin de chacun d'eux. Quant à Jeanne de Beaumanoir, elle fonda le ler juin 1398 (vel 1399) une chapellenie dans l'église conventuelle de la Trinité de Châteaubriant, pour le repos de son âme et de celles de ses ancêtres. Elle mourut peu de jours après, le lendemain de la fête de saint Jean, et son corps fut déposé dans cette église. Il paraît que ses funérailles furent très-solennelles, puisqu'il s'éleva un procès entre les religieux de la Trinité et le recteur de Béré, dans la paroisse duquel se trouvait ce monastère, au sujet des offrandes qui furent faites à l'occasion de cet enterrement et qui atteignaient 160 livres.

4° Jeanne Raguenel, fille de Jean Raguenel, vicomte de la Bellière, et de Jeanne Couppu, dame de la Couppuaye. Cette dame était veuve de Guy de Molac et n'eut point d'enfants de son second mariage avec Charles de Dinan. Elle survécut à son mari, reçut la seigneurie de Vioreau pour douaire, et mourut le 7 mai 1448, après avoir choisi sa sépulture dans l'église des Frères mineurs de Nantes.

Parlons maintenant des enfants du baron de Châteaubriant.

1° Henri de Dinan, son fils aîné, succéda à sa mère, Jeanne de Beaumanoir, ès seigneuries de Beaumanoir, de la Hardouinaye et du Guildo ; mais il mourut jeune, le 8 février 1403, sans avoir contracté d'alliance ; son frère Rolland hérita de toutes ses seigneuries. Le corps d'Henri de Dinan fut inhumé au chœur de l'église conventuelle de Saint-François de Rennes ; le sire de Châteaubriant donna à cette occasion une croix d'argent et la somme de dix marcs aux religieux de ce monastère, qu'il affectionnait particulièrement ;

2° Rolland de Dinan, }

3° Robert de Dinan, } successivement barons de Châteaubriant.

4° Bertrand de Dinan, }

5° Jaques de Dinan fut seigneur du Bodister, au pays de Léon, et épousa Catherine de Rohan, fille d'Alain IV, vicomte de Rohan. Ce seigneur prit part à presque toutes les expéditions militaires de son temps, devint gouverneur de la ville et du château de Sablé, et fut nommé grand-bouteiller de France. Il mourut le 30 avril 1444, ne laissant qu'une fille, Françoise de Dinan, qui devint, à la mort de ses oncles, baronne de Châteaubriant. Quant à Catherine de Rohan, elle survécut à son mari, et épousa en secondes noces Jean d'Albret, vicomte de Tartas.

6° Thomine de Dinan épousa Jean de la Haye, seigneur de Passavant et de Chemillé ; elle reçut par contrat de mariage cinq cents livres de rente en Anjou ; de son mariage naquirent Jean et Bertrand de la Haye et Louise de la Haye, mariée à Jean de Scepeaux, seigneur audit lieu.

7° N..... de Dinan, qui contracta mariage avec le seigneur de Hambye (3).

En 1410, le baron de Châteaubriant fit le partage de ses biens entre ses enfants. Il laissa naturellement à son fils aîné Rolland ses principales seigneuries ; mais il voulut que son fils puîné Robert eut trois mille cinq cents livres de rente, et ses deux autres fils Bertrand et Jacques, chacun deux mille livres de rente. Il assigna pour cela à Robert les deux belles seigneuries de Montafilant et du Guildo, à Bertrand la terre des Huguetières, au pays de Retz, et à Jacques celle du Bodister, au pays de Léon. Il voulut que ces jeunes seigneurs tînssent ces terres de leur frère Rolland, comme juveigneurs du baron de Châteaubriant, et que ce dernier eût soin de contenter ses deux soeurs de ce qui leur avait été promis en mariage, si elles ne l'avaient pas été. Le duc de Bretagne approuva ce partage en 1414, le 4 juin, à Vannes, en présence de Charles de Dinan et de toute sa famille (4).

Comme la plupart des chevaliers du moyen-âge, le baron de Châteaubriant joignait la piété à la science de la politique et des armes. Il fit de grandes largesses aux Cordeliers de Rennes et de Dinan, fonda deux messes quotidiennes dans l'église conventuelle de la Trinité de Châteaubriant, augmenta de quatre religieux la fondation de ce dernier monastère, et contribua grandement à l'établissement de la collégiale du Guildo, fondée près du château de ce nom par Robert, son fils, seigneur du Guildo.

Charles de Dinan, seigneur de Châteaubriant, mourut le 19 septembre 1418 ; son corps fut inhumé dans l'église des Frères mineurs ou Cordeliers de Dinan, en une chapelle fort belle qu'il y avait fait construire du côté du chœur ; c'est cette chapelle qu'on appelait la chapelle de Montafilant et dont on voyait encore naguère les derniers débris au petit séminaire de Dinan.

Le successeur de Charles fut son fils aîné, Rolland de Dinan. Du vivant de son père, ce jeune seigneur avait hérité de sa grand-mère, Marguerite de Rohan, et était ainsi devenu seigneur de Moncontour, mais il céda en 1407 cette châtellenie à son frère Robert, qui lui-même la vendit au comte de Penthièvre.

Rolland de Dinan, baron de Châteaubriant, ne jouissait malheureusement pas de sa raison, comme le témoigne le testament de son père, où on lit ce qui suit : « Quant à l'aisné, messire Rolland, pour ce qu'il a esté trouvé et est assez manifeste et vérité que, par aucunes heures, il est détenu en son corps de maladie d'épilepsie, et est insensible personne, pour la cause de ladite maladie, de scavoir cognoistre qu'est contrait et serment, ne à cognoistre l'obligation qu'emporte le serment, par quoi nonobstant qu'il ait excédé l'âge de vingt ans, luy fut pourveu de curateur messire Armel de Chasteaugiron, quant pour jurer et passer accord (5). »

Le pauvre seigneur se maria cependant, mais il n'eut point d'enfants ; On lui avait fait épouser sa parente, Marie du Perrier, fille de Jean, seigneur du Perrier, et d'Olive de Rougé. Il ne posséda que quelques mois la baronnie de Châteaubriant et mourut en 1419.







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