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Châteaubriant, baronnie, ville et paroisse



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Mémoires du doyen P. Blays.

IV. Des églises et chappelles de la paroisse de Saint-Jean-de-Béré (suite).




De l’église et paroisse de Saint-Pierre-de-Béré et de son union avec celle de Saint-Jean-de-Châteaubriant.

Outre la paroisse de Saint-Jean, il y en avait autrefois une autre petite, appelée Saint-Pierre-de-Béré, appartenant aux religieux de Saint-Sauveur-de-Béré, membre dépendant de l’abbaye de Marmoustiers, dont ils étaient curés primitifs et présentateurs. L’église de cette paroisse était bastie tout joignant le mur du d. couvent, au lieu où est à présent une grande maison, sur le fonds du d. prieuré afféagé par feu Messire René de la Motte, seigneur du Boisbriant, à Mire Julien Febis, appartenant à présent à sa veuve, ce qui a esté reconnu lorsque, creusant la cave de cette maison, on y trouvait, au vû de tout le monde, les ossements des corps encore presque entiers, les quels, à raison de la sécheresse du lieu, n’avaient pas encore esté entièrement consommés. Lorsque le d. prieuré avoit esté fondé par Brient, second du nom, baron de Châteaubriant, en 1180, ils retinrent la coutume ancienne d’avoir quelque paroisse auprès de leurs monastères, comme une marque du service qu’ils avaient rendu à l’église en ce qui regarde l’instruction des peuples et l’administration des sacrements, avant qu’il leur eût esté commandé par le Pape de se renfermer dans leurs couvents, ainsi qu’il se voit presque partout. Le d. seigneur leur ayant donné le petit fief de Béré, avec les dîmes en la plus grande partie, on érigea une petite paroisse qui fut énervée de celle de Saint-Jean  (1).

Mais cette paroisse était si peu de chose ! Ils en furent bientôt lassés (2) et leur ambition n’eût pas esté satisfaitte s’ils n’eussent quelqu’usurpation sur celle de Saint-Jean. En effet, en l’an 1222, quarante ans seulement après la fondation de leur prieuré et l’érection de cette paroisse, ils la laissèrent si longtemps sans pasteur, que Monseigneur l’évêque de Nantes crût estre obligé, pour le bien des âmes, de l’unir à celle de Saint-Jean-de-Châteaubriant, en sorte que les paroissiens de Saint-Pierre seraient à l’avenir paroissiens de Saint-Jean, recevraient les sacrements de leur recteur, et seraient obligés de lui payer les devoirs paroissiaux, fors que les dîmes des d. paroissiens de Saint-Pierre (Voyez la ruse des moines et les fraudes !) et une partie des oblations des d. paroissiens de Saint-Pierre demeureront au d. prieur avec le fonds et bastiment de la d. église, que le d. prieur et successeurs seraient obligés d’entretenir honnestement et en bon état. Au lieu de satisfaire à cette obligation, ils la laissèrent aussitôt tomber, faute de réparations ; bien plus , dans le même lieu où elle estait, ils firent bastir un four public pour le service du bourg de Béré et planter un chêne au près, affin d’en faire perdre le souvenir, et otter aux siècles à venir la pensée qu’il y ait eu autre fois une église. Et tout cela pour usurper avec le temps en Saint-Jean les mêmes droits qu’en Saint-Pierre, ce qu’ils firent en partie par la confusion du nom de Béré qu’ils luy donnèrent, au lieu de Saint-Jean-de-Châteaubriant ; et avec le temps, comme ils célébraient les messes solennelles dans l’église de Saint-Pierre aux cinq festes principales, dont ils étaient primitifs, et le droit de présenter, à quoy pourtant ils n’ont pas réussi, car le doyenné de Châteaubriant et la paroisse de Saint-Jean, son annexe, ont toujours esté en présentation de l’ordinaire, c’est-à-dire du Pape et de l’évesque, ainsi que je le fais voir par acte cy-devant à l’article de la présentation du doyenné ; et, de plus, ils ne possèdent aucunes dismes en la paroisse de Saint-Jean-de- Béré que celles qui estaient du ressort et le distrait de celles de Saint-Pierre, et qui leur furent laissées par ce bel acte d'union, qui seul suffit pour prouver que les abbés de Marmoustiers, prieur et religieux de Saint-Sauveur, n’ont rien dans Saint-Jean que par une pure usurpation. Aussi, ayant produit cet acte en 1652 au procès qu’ils intentèrent au sieur Le Noir, doyen, le quel seul fut trouvé aux archives de Marmoustiers, à ce sujet, et qu’ils croyaient leur estre honorable, ils s’en repentirent peu après, et ne l’eussent jamais produit s’ils en eussent prévu les conséquences et les avantages qu’on en doit tirer contre eux.


Coppie de l’acte d’union de la paroisse de Saint-Jean-de- Béré à celle de Saint-Jean-Baptiste de Châteaubriant, faite en l’an 1222 ;

Tiré des archives de Marmoustiers, et produit par les religieux de Saint-Sauveur-de-Béré, en 1652, au procès entre eux et Mire Jean-le Noir, doyen de Châteaubriant et recteur de la paroisse de Saint-Jean-de-Béré.

In nomine patris et filii et spiritus sancti : Cum ecclesia sancti Petri, sita juxta ecclesiam sancti Joannis-Baptistæ de Castrobrienii, pastore diutius caruisset, nos, periculum animarum vitare cupientes, sæpius monuimus Priorem de Bereio ut rectorem poneret in eadem. Cum autem dictus prior nequaquam rectorem ponere curaverit in dicta ecclesia, paupartatem ejusdem ecclesiæ allegans, et paupertatem parachianorum, ut pote qua non erant nisi tredecim parochiani vel circa, ut asserebat dictus prior, nos præcognita voluntate religiosi abbatis Majoris-Monasterii cum quo hoc locuti fuimus, ita duximus ordinandum ut parochiani dictæ ecclesiæ sancti Petri sint deinceps parochiani ecclesiæ sansti Joannis et a rectore ecclesiæ sancti Joannis accipiant ecclesiastica sacramenta, et eidem jura parochialia persolvere teneantur, salvis tamen priori de Bereio decimis quas a dictis parochianis sancti Petri percipiebat, salva et portione oblationum in eisdem parochianis, sicut in aliis parochianis sancti Joannis dictus prior percipere consuevit. Et dicta ecclesia sancti Petri, scilicet, fundus et maceria dicta priori de Bereio remanebit, et tenebitur prior, qui pro tempore fuerit, honeste tenere ecclesiam sancti Petri supra dictam.

Item, cum inter priorem de Bereio et personam sancti Joannis de Castrobriencii super collatione scholarum ejusdem castri, contentio mota esset, et partes ordinationi nostræ se supposuissent, promittentes se dictum nostrum observare, nos, inquisita super hoc veritate, taliter esse ordinavimus, quod collatio dictarum scholarum communiter ad dictum priorem et personam sancti Joannis pertineat ; et, quia natura humana facilis est dissentiendum, si dicti prior et persona in eamdem personam convenire non possent ; prior de Bereio personæ idoneæ regimini scholarum ad duos annos conferre poterit dictam scholam, et persona sancti Joannis eidem personæ vel alteri ad alios duos annos.

Insuper, cum inter personas superius nominatas super pecia terræ sita in fine dicti prioris scilicet claustri sancti Petri contentio moveretur, nos, pro bono pacis, voluimus quod dicta pecia terræ dicto priori remaneat, ita quod idem prior sustineat quod dicta persona tantumdem terræ vel amplius emere valeat vel alio modo licito acquirere in fundo dicti prioris, et pacifice possidere. Et, ne super his de cætero, inter dictas partes contentio oriatur, eisdem partibus præsentes dedimus litteras sigilli nostri munimine confirmatas.

Datum die Veneris post Epifaniam Domini, anno Domini millesimo ducentesimo vigesimo secundo (scellé en queue de parchemin de cire verte).

Nota. - Les d. religieux doivent, le Vendredi-Saint, deux miches de cinq sous et deux pots de vin sur le mur du cimetière de Béré pour redevances.v

De cet acte cy-dessus, on peut tirer quantité de bonnes inductions.








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