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Châteaubriant, baronnie, ville et paroisse



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Mémoires du doyen P. Blays.

IV. Des églises et chappelles de la paroisse de Saint-Jean-de-Béré.




Outre l’église paroissialle de Saint-Jean, au bourg de Béré, et celle de Saint-Nicolas, en ville, il y avait encore trois églises et quatre chappelles dans le distrait de la d. paroisse. Les églises sont : celles du Prieuré de Saint-Sauveur, de la Trinité et de Saint-Michel. Les chappelles sont : celle du chasteau, de Saint-André, la Chappelle-au-Duc et La Malorais, des quelles nous parlerons toutes séparément.


De l’église et du prieuré de Saint-Sauveur-de-Béré.

La première église est celle de Saint-Sauveur-de-Béré, prieuré conventuel de l’ordre de Saint-Benoist, dépendant de l’abbaye de Marmoustiers-lez-Tours, qui y envoyait autrefois six religieux en obédiance. L’abbaye de Rhedon l’avait prétendu de sa dépendance, mais, sur procès, il fut adjugé au d. Marmoustiers. Ce prieuré fut fondé par Briand II, baron de Châteaubriant, en 1180 (1). La fondation fut confirmée par Geffroy, son fils, l’église achevée par Gosco, fils de Geffroy, et les revenus augmentés par Geffroy, fils de Gosco, de ses revenus de Piré, qui est la Franceuille. Ainsi le revenu en vint si haut qu’il montait, il n’y a pas longtemps, jusqu’à 6 mille livres de rentes, sans les débets pour le prieur commendataire, moines saoûls, comme on dit, et toutes charges portées, d’où vient que c’est une grande erreur de croire que l’église de Saint-Sauveur est plus ancienne que la paroissialle, puisque elle ne fut bastie que depuis la fondation du prieuré et plus de cinq à six cents ans après qu’il est parlé dans l’histoire des seigneurs de Châteaubriant, qui avaient ainsi une paroisse. Cette erreur ne provenait parmi les peuples que des usurpations qu’avaient faites les religieux sur la paroisse et qu’eux-mêmes pouvaient semer afin de les autoriser. Il paraist qu’ils méditaient déjà ces usurpations sur l’église de Saint-Jean dès le temps de leur fondation, puisqu’ils placèrent leur couvent tout au près et dans un lieu si estranglé, à cause des chemins du voisinage de cette église, dont il étaist borné, qu’ils ne pouvaient s’estendre davantage. Ils essayèrent surtout d’y parvenir par l’ union d’ une petite paroisse de Saint-Pierre-de-Béré située joignant leur muraille de l’autre costé de leur closture, dans le bourg, sur le chemin de Rennes, laquelle leur avit été donnée, qui leur appartenait, dont ils étaient curés primitifs, et dont nous parlerons après. Or, cette union, ils ne la sollicitaient qu’afin d’avoir quelque jour, par usurpation dans Saint-Jean, ce qu’ils avaient le droit dans Saint-Pierre. Pour à quoy parvenir, après avoir laissé tomber cette petite église qu’ils étaient obligés d’entretenir, et avoir basti en sa place un four public, pour en abolir la mémoire, ils faisaient de temps en temps, et loin à loin, des procès aux doyens-recteurs de Saint-Jean à leur entrée au bénéfice, surtout quand ils voyaient que ceux-ci n’avaient pas assez de fermeté ni de moyens pour en soutenir les frays. Il arrivait ainsi que, pour le bien de la paix, ces doyens aimaient mieux leur céder plusieurs des choses qu’ils leur demandaient que de plaider et de passer par un concordat. C’est ainsi qu’ils en uzèrent avec Mire Guillaume Nicole en 1586, avec Mire François Bourguillaud en 1600, et qu’ils en voulurent aussi faire avec Mire Jean Le Noir, à la sollicitation d’un officier, pêcheur public, leur amy de table, auquel il avait refusé la communion. Ils lui firent procès et lui demandèrent tant de choses, et si impertinentes, que s’ils les eussent emportées, les doyens-recteurs n’eussent eu qu’à tout abandonner. Mais la cour les en débouta par arrêts, fors d’ un peu d’ honneur, comme la prescéance aux processions, que les Bénédictins ont en Bretagne, même à Rennes, sur les prêtres séculiers, et la qualité de recteurs primitifs de Saint-Jean, à raison de la paroisse de Saint-Pierre dont ils l’estaient, et qui lui est incorporée, sans empêcher pourtant que le doyen-recteur ne puisse prétendre à cette qualité de recteur primitif dans son église paroissialle. Outre ce grand procès, ces religieux en eussent encore fait d’autres aux doyens, s’ils fussent restés davantage dans le prieuré de Saint-Sauveur.

Mais pour la gloire de Dieu et le bien des fidèles, ils sortirent du d. Prieuré dont l’église et lieux réguliers furent transportés aux religieuses ursulines établies en 1643 à Châteaubriant, conduites et placées en hospice au Palierne, par Monseigneur Gabriel-de-Bauveau, évesque de Nantes, qui les mit sous la direction de Mire Jean-le-Noir, doyen, qui leur servit de directeur et de chappelain gratis jusqu'à leur sortie, sans quoy elles n'auraient pu subsister que très-difficilement.

Donc, frère Gatien Renoul, prieur claustral du d. Saint-Sauveur, et prieur de Carbai, ne pouvant plus vivre parmi des religieux si déréglés, et soupirant après son retour, d’une part ; M. l’abbé Joly, prieur commendataire et conseiller au Parlement de Metz, ne visant qu’à se décharger des moines et réparations capables de l’incommoder beaucoup, estant le deuxième ou troisième de sa famille qui le possédait ; et enfin, les religieux de Marmoustiers qui voyaient que leur revenu en seroit augmenté, escoutèrent volontiers la proposition qui leur fust faite par l’abbé de la Chapelle, - prêtre de l’oratoire, oncle du marquis de la Roche-Giffart, mort depuis peu en Hollande, les années dernières, comme calviniste, - procureur ad hoc des d. religieuses ursulines, et leur cedèrent et transportèrent à jamais l’enceinte et lieux reguliers du prieuré, en 1655, par contract fait entre elles, et le d. prieur commendataire d’une part, laquel se vit déchargé des reparations, et retint pour son partage la Franceulle dans la paroisse de Piré et autres aux environs, evesché de Rennes, et d’autre part entre les religieux de Marmoustiers dont le prieuré est dépendant, auxquels restèrent des terres situées dans la paroisse de Saint-Jean-de-Béré et dismes en plusieurs autres. Le d. contract fut ratiffié par Monseigneur de Nantes, Gabriel-de-Beauveau, le chapitre général de la congrégation de Saint-Maur, et par feu Monseigneur le prince de Condé, Louys de Bourbon, baron de Châteaubriant, d’heureuse mémoire, fondateur du d. prieuré, reçu et omologué au Parlement de Bretagne.

Après quoy les religieuses furent conduites de leur hospice dans cette pauvre maison toute délabrée qui seule leur restait pour partage, au mois de septembre au d. an, par V. et D., Mire Olivier Normand, vicaire général du d. seigneur, évesque de Nantes, le d. abbé Joly et le d. sieur Doyen, sous la direction duquel elles restèrent jusqu’à sa mort, ensuite sous Mire Pierre Blays, son neveu et successeur, durant plus de vingt ans. Par là cessèrent toutes questions entre les religieux et doyens, non pas qu’ils ne taschâssent de les chagriner en prétendant subroger le chappelain d’icelles qui se croyaient déjà grandes dames, marque de leur ingratitude aussi bien que de leur ambition, en tous leurs droits prétendus, mais ils furent débouttés de cette folle prétention par sentance arbitrale de Mire Chappel et Volan, ayant pour tiers M. de la Hussandière-Bernard, les trois plus habiles advocats du Parlement, dont le d. sieur Doyen et dom. Cyrille Cognault, procureurs de Marmoustiers, estaient convenus soubs compromis, et laquelle porte que le d. Doyen et successeurs feront à l’avenir tout ce que devaient faire à la paroisse les d. religieux, à moins qu’il vienne un religieux de l’abbaye de Marmoustiers, avec obédience spéciale de son chapitre ad hoc, et laquelle il apparaîtra à Mire le Doyen auparavant ; ce qui ne s’est point vu depuis plus de 40 ans, et apparemment ne se verra point, car outre la prescription, ces bons religieux croiraient faire une chose au dessoubs d’eux, de montrer leur obédience au doyen, et estre une marque d’inferiorité.







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