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L'objectif de cette réédition était uniquement de proposer une lecture plus facile et agréable, et pour cela, l'ouvrage a entièrement été remis en page. Pour aider le lecteur à actualiser ses connaissances, une bibliographie mise à jour a été ajouté.

Châteaubriant, baronnie, ville et paroisse



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Chapitre V (suite)




Election de deux gardes-jurés pour la marque et visitation des serges et étoffes.

9 décembre 1746. - Le neufe jour de décembre mil-sept-cent-quarante-six, en la grande salle du château de Châteaubriant servant d'auditoire, aux fins d'arrêt de la cour, se sont assemblés les maîtres sergers et marchands de laines et étoffes de cette ville, pour l'élection de deux gardes-jurés, aux fins de l'arrêt du Conseil du 30 juin mil-sept-cent-trente-trois, pour l'année mil-sept-cent-quarante-sept, pour faire les fonctions requises et ordonnées à l'effet de la marque et visitation de serges et étoffes dud. Châteaubriant, suivant ledit arrêt du Conseil et déclaration de Sa Majesté, et aux fins de l'avertissement à son de tambour à la manière accoutumée. Sur quoi ont été, à la pluralité des voix, élus Louis Briand et Jean Chevillard, les quels feront faire des fers conformément aux édits de déclarations du roi concernant les manufactures, où leur nom sera mis, pour entrer en charge au premier de l'an prochain, et se conformeront au procès-verbal porté par l'ordonnance du six novembre mil-sept-cent-trente-trois pendant leur année de fonction et aux susdits arrêts du Conseil et autres arrêts et règlements ce touchant.


Serment des prévosts des maîtres sergers.

Dudit jour neufe décembre mil-sept-cent-quarante-six, en la grande salle du château de Châteaubriant servant d'auditoire aux fins d'arrêts de la cour, pardevant

Monsieur le Sénéchal,

Ont comparu les dits Louis Briand et Jean Chevillard, marchands de laines et draps, élus pour être gardes pendant l'année mil-sept-cent-quarante-sept, les quels ont dit être prêts de faire le serment requis.

De quoi a été donné acte et pris le serment des dits Briand et Chevillard, après leur avoir à chacun séparément fait lever la main, ils ont promis et juré se comporter fidèlement au fait des visites et marques pour les quels ils ont été élus.

Leur enjoint d'observer exactement les arrêts et règlements ce touchant, et notamment celui du trente juin mil-sept-cent-trente-trois, sous les peines qui échéent. Ce qu'ils ont promis faire ; ordonné que les prévosts apporteront le trente de ce mois, deux heures de l'après-midi, les fers et marques dont ils se servent, pour être cassés et rompus en notre présence, et les prévosts qui entreront en charge au premier jour de l'an apporteront aussi des nouveaux fers qu'ils doivent faire faire pour l'année de leur exercice, à peine de supporter les amendes portées par les arrêts du Conseil. De tout quoi sera rapporté procès-verbal, les dits jour et an et on les dits Briand et Chevillard signé.


Présentation juridique des fers de marque par les anciens et nouveaux prévosts.

L'an mil-sept-cent-quarante-six, le trente-unième décembre, en la grande salle du château de Châteaubriant servant d'auditoire aux fins d'arrêt de la cour, devant nous, André Bouchet, sieur de la Goyère, sénéchal de la baronnie de Châteaubriant, ayant avec nous pour adjoint François Denieul, commis au greffe, ont comparu Louis Briand et Joseph Aubin, prévosts en charge pour la marque des étoffes, les quels, en exécution de notre ordonnance du neuf de ce mois et des arrêts du Conseil y portés, ont représentés les 2 fers de marque dont ils se sont servis pendant l'année de leur gestion, les quels nous avons fait biffer en notre présence et ensuite fait remettre entre les mains de notre adjoint.

Ont aussi comparu le dit Louis Briand et Jean Chevillard, les quels aussi, conformément à la dite ordonnance, nous ont représenté 2 nouveaux fers de marque qu'ils ont fait graver pour l'année prochaine de leur exercice, sur l'un des quels est gravé L. Briand 1747, et sur l'autre J. Chevillard 1747.

De tout quoi avons décerné acte et ordonné aux dits prévosts-jurés de se comporter fidèlement au fait de leur commission, ce faisant, de faire exactement leur visite conformément aux dits arrêts et règlements, d'inscrire sur le registre qu'ils tiendront pour cet effet le nombre des serges et autres étoffes qu'ils marqueront et le nom de ceux qui les rapporteront. Avons pareillement décerné acte de ce que le dit Aubin a remis le registre aux mains des dits Briand et Chevillard pour continuer d' y enregistrer les étoffes et serges qu'ils marqueront, le tout suivant les règlements. Et ont lesd. Aubin, Briand et Chevillard signé lesd. jour et an.

Outre ces mesures déjà si efficaces pour prévenir la fraude, un inspecteur des manufactures passait chaque année. Il réunissait les officiers de police, les gardes-jurés en charge, les derniers sortis de charge, quatre autres personnes et deux notables bourgeois, afin de constater l'état où se trouvaient les manufactures pour leur perfectionnement, l'observation ou contravention aux règlements, et les remèdes à y apporter. En 1714, le sieur Richer, inspecteur dans la Haute-Bretagne, réunit les principaux marchands de cette ville et faubourgs, qui font travailler ou débitent en gros les serges fabriquées en cette ville et paroisses voisines, ainsi que les prévosts et jurés. Les quels, tous ayant été entendus, il fut reconnu que les serges avaient ordinairement une demi-aulne de laize, et que si toutes n'avaient pas cette largeur, la faute en était aux foulons. D'ailleurs, puisque ces derniers étaient soumis au roi, c'était à Mgr l'intendant à veiller à ce que les seigneurs ou leurs fermiers ne missent dans leurs moulins que des foulons dont on n'eût pas à se plaindre. Que s'ils ne donnaient pas les ordres nécessaires, les d. seigneurs et fermiers répondraient personnellement des contraventions faites aux règlements.

Ce qui n'empêcha pas que six ans plus tard (1720), les marchands drapiers de la ville de Rennes firent procès, par devant le Parlement de la province, aux marchands sergers de Châteaubriant, et firent saisir leurs marchandises, sous prétexte que ces marchandises, n'étant point de la largeur voulue, et sans marques, étaient de fraude.

La communauté de ville soutint ses marchands, en attestant qu'il n'y avait jamais eu à Châteaubriant ni maîtrise de sergers, ni statuts, ni lettres patentes pour l'établir ; que si l'on élisait des prévosts pour plomber les marchandises, ils n'exerçaient point leur charge ; qu'il n'existait point de bureau pour aulner et marquer les serges ; qu'enfin, vouloir exiger la régularité demandée par les marchands de Rennes, ce serait ruiner tout le commerce du pays….. C'était peu loyal, à vrai dire, et contraire même aux intérêts du commerce, car la fraude ne profite à personne.

Il y avait donc des abus, comme il y en aura toujours ; mais les règlements étaient sages et prévoyants, et la sollicitude du gouvernement sur ce genre de commerce si important, juste et très-louable. Aussi cette industrie était prospère. On peut en juger, d'abord par le rapport de l'inspecteur Richer, suivant lequel il y avait, en 1714, 22 fabriques de serges et 26 métiers battants ; ensuite par la finance, à laquelle elle était taxée par les édits royaux ; en 1692, elle se montait à la somme de 1,400 livres, tandis que les tisserants, tanneurs et corroyeurs n'allaient qu'à 200 livres. Les maçons, couvreurs, charpentiers, menuisiers, potiers d'étain, chaudronniers et vitriers, ensemble, à 300 livres. Et quand la Révolution arriva, elle put constater dans les registres de la confrérie de Saint-Blaise l'inscription de plus de 600 confrères ; en 1804, on comptait encore 70 ouvriers sergers.

La religion, bien plus que l'intérêt, fut toujours l'âme et le lien de ces corporations. Au-dessus de l'organisation civile, il y avait l'élément religieux qui réunissait les esprits et les individualités de chaque corps de métier en un seul et même esprit, une seule et même âme, c'était la confrérie. Il ne sera pas sans intérêt de faire connaître ce genre d'association, commun à tous les arts et métiers. Il suffira pour cela de mettre sous les yeux du lecteur ce que les archives municipales nous ont conservé de la vénérable confrérie de Saint-Blaise, établis en l'église paroissiale de Saint-Jean-de-Béré. En faisant connaître celle-ci, nous aurons fait connaître toutes les autres.







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